Spécialiste de musique baroque, fondateur en 1972 de The English Concert, Trevor Pinnock fait de plus en plus d’incursions dans le répertoire romantique et postromantique comme en témoigne ce concert Wagner-Chopin-Mozart avec la Deutsche Kammerphilharmonie Bremen.

Siegfried-Idyll offre d’abord un moment de tendresse et de lyrisme qui permet aux instrumentistes d’installer un climat de bien-être subtil ; les couleurs de l’orchestre se fondent dans un creuset harmonieux, sans tension.
Le Second Concerto de Chopin est ensuite servi par la merveilleuse palette sonore de Maria João Pires (photo), toujours aussi inspirée, poétique et d’un naturel épousant les élans amoureux du compositeur polonais avec pudeur et émotion, tandis que le chef soigne les tutti (la timbale) pour mieux relancer le discours. Un rêve éveillé que prolonge en bis une Valse «de l’Adieu» idéale de souplesse et de justesse de ton.

Après la pause, la Symphonie «Jupiter» de Mozart, conduite d’une main ferme, réserve des instants de pur bonheur avec des musiciens qui, sans vibrer (les cordes) et économes de moyens (les cuivres), savent pourtant rendre sève et énergie à cette partition solaire.
Un extrait du Songe d’une Nuit d’été de Mendelssohn prolonge, pour conclure, ces instants féeriques.
 
Michel Le Naour
 
Paris, Théâtre des Champs-Elysées, 17 janvier 2016

Photo © Felix Broede / DG