La carrière internationale du violoniste Leonidas Kavakos, soliste réputé, a quelque peu éclipsé une activité de chef d’orchestre qu’il exerce pourtant depuis une vingtaine d’années. C’est à la tête de l’Orchestre Philharmonique de Radio France qu’il se produit cette fois, en compagnie du violoncelliste Truls Mørk, soliste du célèbre Concerto op. 104 de Dvorak.
 
Bien mise en place, l’Ouverture La grotte de Fingal de Mendelssohn est dirigée avec des gestes larges et enveloppants qui valorisent la puissance évocatrice de cette page romantique. Dans le Concerto en si mineur, l’entente est parfaite avec un Truls Mørk inoubliable au faîte de ses moyens techniques, capable de toutes les nuances dans une conception épurée et très intériorisée dans laquelle on admire tout autant la virtuosité sans ostentation (Allegro initial) que l’émotion pure et la tendresse d’un chant à la vocalité supérieure (Adagio ma non troppo). Le final, engagé, aux accents fougueux, vibre sous un archet lyrique et fervent (beau dialogue avec le violon d’Amaury Coeytaux !) accompagné par un orchestre complice qui se libère dans les tutti et se montre un compagnon de route attentif et solidaire (les interventions ailées de la flûtiste Magali Mosnier).

En seconde partie, les Tableaux d’une exposition de Moussorgski/Ravel brillent de tous leurs feux grâce à la qualité de l’ensemble des pupitres du Philhar. Version aux éclairages subtils qui ménage une progression inexorable jusqu’à une étincelante Grande Porte de Kiev où Kavakos, malgré une tendance à ralentir le tempo, témoigne d’une réelle maîtrise interprétative. 
 
Michel Le Naour

Paris, Auditorium de Radio France, 27 novembre 2015

Photo Leonidas Kavakos © Yanis Bournias