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Turandot aux Chorégies d’Orange - Une saisissante réussite - Compte-rendu
Les huit mille spectateurs présents pour la seconde représentation de Turandot au Théâtre Antique d’Orange se souviendront d’un spectacle total dont tous les éléments convergent vers un même but. Chapeau bas d’abord à Charles Roubaud qui réalise une nouvelle mise en scène de l’ultime opéra de Puccini (il avait déjà signé une Turandot à Orange en 1997) en communion avec un lieu dont il connaît les tenants et les aboutissants, jouant avec aisance de la dimension du plateau dans les déplacements de foule. Scénographie de Dominique Lebourges, projections vidéo très suggestives symbolisant la Cité Interdite, justesse des costumes de Katia Duflot évitant l’exotisme de pacotille, qualité des éclairages : tout concourt à la réussite d’une production marquante.
Dans le redoutable rôle-titre, la soprano américaine Lise Lindstrom triomphe davantage par la puissance de sa voix que par la sensualité. Justesse d’intonation, projection glacée mais efficace ; elle impressionne dans la scène des énigmes à l’acte II. Héroïque en Calaf, Roberto Alagna, malgré de passagères difficultés de santé, sans pouvoir donner le meilleur de lui-même, se libère progressivement, soutenu par un public acquis. Le célèbre air « Nessun dorma » perd en couleur dramatique ce qu’il gagne en finesse. On a des yeux de Chimène pour la Liù de Maria Luigia Borsi dont la fragilité émouvante et les pianissimi tirent des larmes. Le Timur de la basse profonde Marco Spotti est bien distribué comme les trois ministres issus de la commedia dell’arte : le Ping de Marc Barrard, le Pang de Jean-François Borras et le Pong de Florian Laconi très en verve au début de l’acte II. D’une présence impressionnante, l’Empereur Altoum de Chris Merritt ne peut hélas cacher certains signes de fatigue vocale.
Dans la fosse, Michel Plasson caresse les timbres de l’Orchestre National de France, choisissant des tempos plutôt lents, accentuant les contrastes (on remarquera l’extrême virtuosité du timbalier Didier Benetti), privilégiant les harmonies de couleurs, les nuances impalpables, évitant même d’accentuer le triomphalisme de l’orchestration de Franco Alfano (qui acheva la partition à la demande de Toscanini). Les forces chorales d’Avignon, de Nice, de Toulon, de Tours et la Maîtrise des Bouches-du-Rhône ponctuent l’action avec toute la vaillance qui sied et occupent l’espace de façon convaincante.
En 2013, Richard Wagner sera à l’honneur à Orange avec Le Vaisseau fantôme (direction musicale Mikko Franck et l’Orchestre National de France dans la mise en scène de Charles Roubaud) les 12 et 15 juillet. Les 3 et 6 août Un Bal Masqué de Verdi sera dirigé par Alain Altinoglu à la tête de l’Orchestre Philharmonique de Radio France et mis en scène par Jean-Claude Auvray. Du bonheur en perspective !
Michel Le Naour
Puccini : Turandot – Orange, Théâtre Antique, 31 juillet 2012
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Photo : Philippe Gromelle
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