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Une interview de David Théodoridès – De Sinfonia à l’Abbaye aux Dames de Saintes
Une interview de David Théodoridès – De Sinfonia à l’Abbaye aux Dames de Saintes
Après l’annulation complète de l’édition 2020 de Sinfonia, la musique baroque est de retour du 21 au 28 août à Périgueux et dans ses environs avec le 30e festival. Cette riche programmation est aussi la dernière pour David Théodoridès (photo), à tête de la manifestation depuis deux décennies : le 30 août, il prendra officiellement la direction générale du centre culturel de rencontre de l’Abbaye aux Dames de Saintes.
A la différence d’autres festivals confrontés à la crise sanitaire, vous avez opté pour une annulation complète l’an dernier : comment s’est passée la remise en route ?
David THÉODORIDÈS : De façon simple et fluide dans la mesure où, quand nous avons annulé l’an dernier, nous avons pris la décision de reporter toutes les invitations sur 2021. Dans l’immense majorité des cas, il s’est donc agi de reprendre les programmes initialement prévus et, pour des ensembles tels que Les Surprises, Le Concert Spirituel ou La Fenice, nous avons adapté les choses en fonction des projets nouveaux de ces formations. Nous n’avons pas été heureux d’annuler en mai 2020, mais les annonces n’étaient pas suffisamment claires et ne permettaient pas de se projeter sur la fin de l’été. Pour cette année, notre décision était simple : quelles que soient les conditions — jauge à 10 % ou à 100% – le 30e festival devait avoir lieu !
A la différence d’autres festivals confrontés à la crise sanitaire, vous avez opté pour une annulation complète l’an dernier : comment s’est passée la remise en route ?
David THÉODORIDÈS : De façon simple et fluide dans la mesure où, quand nous avons annulé l’an dernier, nous avons pris la décision de reporter toutes les invitations sur 2021. Dans l’immense majorité des cas, il s’est donc agi de reprendre les programmes initialement prévus et, pour des ensembles tels que Les Surprises, Le Concert Spirituel ou La Fenice, nous avons adapté les choses en fonction des projets nouveaux de ces formations. Nous n’avons pas été heureux d’annuler en mai 2020, mais les annonces n’étaient pas suffisamment claires et ne permettaient pas de se projeter sur la fin de l’été. Pour cette année, notre décision était simple : quelles que soient les conditions — jauge à 10 % ou à 100% – le 30e festival devait avoir lieu !
Hervé Niquet, grand fidèle de Sinfonia, présent cette année avec ses troupes du Concert Spirituel pour la création des "Aventures du Baron de Münchhausen" le 25 août
Quelles sont les grandes lignes de la 30e édition ?
D.T. : La programmation entend refléter la vitalité du mouvement baroque, avec des interprètes de toutes générations. On trouve des ensembles depuis très longtemps installés dans le paysage musical, La Fenice, Le Concert Spirituel, d’autres d’une génération intermédiaire, tel le Poème Harmonique de Vincent Dumestre, et des représentants de la nouvelle génération, Les Ombres, Les Surprises, Justin Taylor, Théotime Langlois de Swarte. Quatre générations qui apportent chacune leur personnalité, leur langage.
C’est aussi l’occasion de montrer que la musique baroque ce ne sont pas que des concerts, mais aussi une forte inventivité liée à la scène. Nous présentons trois grands spectacles mis en scène : « Le Carnaval Baroque » par le Poème Harmonique, « Les Aventures du Baron de Münchhausen » par le Concert Spirituel – spectacle qui aurait initialement dû être créé au Théâtre Impérial de Compiègne et dont le 30e festival accueille la première – et enfin le San Giovanni Battista de Stradella par le Banquet Céleste qui, outre la beauté de la partition retrouvée par Damien Guillon, prend un relief particulier grâce à la mise en scène de Vincent Tavernier. Ce sont là de parfaits exemples des nouvelles formes de spectacle musical qui, à côté du concert, offre des portes d’entrée pour des publics nouveaux qui auraient envie de découvrir la musique baroque. C’est un axe que nous travaillons beaucoup à Sinfonia depuis quelques années et que nous tenions à souligner lors de cette 30e édition. Un autre point essentiel s’en dégage : la fidélité. Les artistes invités cette année sont déjà venus au festival, que ce soit Hervé Niquet, Vincent Dumestre, Les Ombres, Justin Taylor – que nous accompagnons depuis quatre ans – ou encore Les Surprises, ensemble en résidence qui, pour la soirée de clôture, nous offre la primeur de son nouveau spectacle : "Rameau chez la Pompadour". Nous leur adressons une sorte de lettre d’amour pour les remercier de nous avoir fait confiance quand nous étions moins important que nous ne le sommes aujourd’hui : ce 30e festival a des allures de fête familiale.
Quelles sont les grandes lignes de la 30e édition ?
D.T. : La programmation entend refléter la vitalité du mouvement baroque, avec des interprètes de toutes générations. On trouve des ensembles depuis très longtemps installés dans le paysage musical, La Fenice, Le Concert Spirituel, d’autres d’une génération intermédiaire, tel le Poème Harmonique de Vincent Dumestre, et des représentants de la nouvelle génération, Les Ombres, Les Surprises, Justin Taylor, Théotime Langlois de Swarte. Quatre générations qui apportent chacune leur personnalité, leur langage.
C’est aussi l’occasion de montrer que la musique baroque ce ne sont pas que des concerts, mais aussi une forte inventivité liée à la scène. Nous présentons trois grands spectacles mis en scène : « Le Carnaval Baroque » par le Poème Harmonique, « Les Aventures du Baron de Münchhausen » par le Concert Spirituel – spectacle qui aurait initialement dû être créé au Théâtre Impérial de Compiègne et dont le 30e festival accueille la première – et enfin le San Giovanni Battista de Stradella par le Banquet Céleste qui, outre la beauté de la partition retrouvée par Damien Guillon, prend un relief particulier grâce à la mise en scène de Vincent Tavernier. Ce sont là de parfaits exemples des nouvelles formes de spectacle musical qui, à côté du concert, offre des portes d’entrée pour des publics nouveaux qui auraient envie de découvrir la musique baroque. C’est un axe que nous travaillons beaucoup à Sinfonia depuis quelques années et que nous tenions à souligner lors de cette 30e édition. Un autre point essentiel s’en dégage : la fidélité. Les artistes invités cette année sont déjà venus au festival, que ce soit Hervé Niquet, Vincent Dumestre, Les Ombres, Justin Taylor – que nous accompagnons depuis quatre ans – ou encore Les Surprises, ensemble en résidence qui, pour la soirée de clôture, nous offre la primeur de son nouveau spectacle : "Rameau chez la Pompadour". Nous leur adressons une sorte de lettre d’amour pour les remercier de nous avoir fait confiance quand nous étions moins important que nous ne le sommes aujourd’hui : ce 30e festival a des allures de fête familiale.
Justin Taylor en récital "carte blanche" le 24 août © Jean-Baptiste Millot
Le 30 août vous occuperez officiellement le poste de directeur général de l’Abbaye aux Dames de Saintes : quel bilan tirez-vous de ces deux décennies passées à la tête de Sinfonia ?
D.T. : Beaucoup d’émotions d’abord ; Sinfonia a vécu en moi très fortement durant toutes ces années. Beaucoup de joies aussi puisque, au fil des ans, pierre après pierre, le festival a grandi et a été de mieux en mieux identifié : Sinfonia est un lieu où se retrouvent les grands du moment, mais où l’on découvre les grands de demain aussi ; de jeunes pousses que le festival a accompagnées et aidées à forger leur identité : je pense à La Tempête, à Justin Taylor par exemple et à d’autres artistes et ensembles qui ont fait leur premiers pas à Sinfonia et sont aujourd’hui bien identifiés.
Il y a encore beaucoup de projets en germe, beaucoup de choses à faire, mais il me semble bon, au bout de vingt ans, de tourner la page. Comme une programmation, une direction artistique a besoin de se renouveler ; on n’est jamais propriétaire des événements que l’on organise, on n’en est que le locataire ... et je vis cette fin de bail avec émotion.
Le 30 août vous occuperez officiellement le poste de directeur général de l’Abbaye aux Dames de Saintes : quel bilan tirez-vous de ces deux décennies passées à la tête de Sinfonia ?
D.T. : Beaucoup d’émotions d’abord ; Sinfonia a vécu en moi très fortement durant toutes ces années. Beaucoup de joies aussi puisque, au fil des ans, pierre après pierre, le festival a grandi et a été de mieux en mieux identifié : Sinfonia est un lieu où se retrouvent les grands du moment, mais où l’on découvre les grands de demain aussi ; de jeunes pousses que le festival a accompagnées et aidées à forger leur identité : je pense à La Tempête, à Justin Taylor par exemple et à d’autres artistes et ensembles qui ont fait leur premiers pas à Sinfonia et sont aujourd’hui bien identifiés.
Il y a encore beaucoup de projets en germe, beaucoup de choses à faire, mais il me semble bon, au bout de vingt ans, de tourner la page. Comme une programmation, une direction artistique a besoin de se renouveler ; on n’est jamais propriétaire des événements que l’on organise, on n’en est que le locataire ... et je vis cette fin de bail avec émotion.
Simon-Pierre Bestion, fondateur et directeur de la compagnie La Tempête, à Sinfonia en 2017 © Sinfonia
Une nouvelle aventure commence bientôt pour vous à l’Abbaye aux Dames de Saintes. Pouvez-vous déjà nous donner quelques indications sur vos projets là-bas ?
D.T. : L’Abbaye aux Dames fourmille de possibilités, par le patrimoine, par l’offre d’hôtellerie, très originale, et bien sûr par son festival, l’un des plus anciens en France (1) ; une icône dans le mouvement de la musique ancienne. Comme je l’ai déjà dit, je ne viens pas faire la révolution dans un Centre culturel de rencontre qui a déjà beaucoup apporté et beaucoup créé, mais plutôt chercher à l’accompagner dans toutes les possibilités qui sont offertes ; peut-être le faire vivre plus encore, douze mois sur douze, dans sa vitalité artistique, dans ses projets de valorisation patrimoniale et puis sans doute aussi dans l’offre touristique qu’il propose. Tels sont les trois axes principaux sur lesquels je veux travailler. Le direction artistique du festival reste dans un premier temps à la charge de Stefan Maciejewski, qui signera la programmation 2022 ; une très bonne chose permettant d’opérer une transition douce. J’ai des idées pour l’avenir, mais je tiens à dialoguer avec l’équipe de l’Abbaye, où il y a je le sais beaucoup idées aussi, avant de vous en dire plus quant à mes projets.
Propos recueillis par Alain Cochard le 13 août 2021
Une nouvelle aventure commence bientôt pour vous à l’Abbaye aux Dames de Saintes. Pouvez-vous déjà nous donner quelques indications sur vos projets là-bas ?
D.T. : L’Abbaye aux Dames fourmille de possibilités, par le patrimoine, par l’offre d’hôtellerie, très originale, et bien sûr par son festival, l’un des plus anciens en France (1) ; une icône dans le mouvement de la musique ancienne. Comme je l’ai déjà dit, je ne viens pas faire la révolution dans un Centre culturel de rencontre qui a déjà beaucoup apporté et beaucoup créé, mais plutôt chercher à l’accompagner dans toutes les possibilités qui sont offertes ; peut-être le faire vivre plus encore, douze mois sur douze, dans sa vitalité artistique, dans ses projets de valorisation patrimoniale et puis sans doute aussi dans l’offre touristique qu’il propose. Tels sont les trois axes principaux sur lesquels je veux travailler. Le direction artistique du festival reste dans un premier temps à la charge de Stefan Maciejewski, qui signera la programmation 2022 ; une très bonne chose permettant d’opérer une transition douce. J’ai des idées pour l’avenir, mais je tiens à dialoguer avec l’équipe de l’Abbaye, où il y a je le sais beaucoup idées aussi, avant de vous en dire plus quant à mes projets.
Propos recueillis par Alain Cochard le 13 août 2021
(1) Le Festival de Saintes a été créé en 1972
30e Festival Sinfonia
Du 21 au 28 août 2021
Périgueux et ses environs
sinfonia-en-perigord.com/
Photo © DR
30e Festival Sinfonia
Du 21 au 28 août 2021
Périgueux et ses environs
sinfonia-en-perigord.com/
Photo © DR
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