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Une interview de Jean-Michel Mathé, Directeur général du Festival international de musique de Besançon Franche-Comté – Une tonalité singulière
Pour l'heure, rencontre avec Jean-Michel Mathé (photo), directeur général du Festival international de musique de Besançon Franche-Comté.
En quoi la programmation du 74e Festival singularise-t-elle, outre le fait qu’il s’agit d’une édition incluant le Concours international de jeunes chefs d’orchestre ?
Jean-Michel MATHÉ : Nous sommes certes un festival international mais, en raison de la situation liée à la pandémie, nous n’avons pas d’orchestre venant de très loin cette année. Ceci nous offre l’occasion d’accueillir des formations que nous n’avons jamais reçues encore : Les Siècles, Les Dissonances, Insula Orchestra – un peu plus de formations sur instruments d’époque que d’habitude donc – ou l’Orchestre national de Lyon, que nous sommes très heureux de programmer et de voir participer à la finale du 57e Concours, sans oublier l’Orchestre de chambre de Bâle. La présence d’ensembles tels que Le Concert Idéal ou La Tempête contribue aussi à une tonalité générale, très intéressante, qui contraste avec des éditions de caractère plus « patchwork » parfois.
La Tempête de Simon-Pierre Bestion est à la fois partie prenante dans le festival et le 57e Concours ...
J.M. M. : En effet, au côté du Chœur de l’Opéra de Dijon, La Tempête va participer à la demi-finale oratorio du Concours. Mais nous aurons aussi le bonheur de la voir reprendre dans le cadre du festival un programme autour des Vêpres de Rachmaninov (mêlées à des hymnes de la liturgie grecque orthodoxe byzantine) qui lui a déjà valu un grand succès. Ce concert aura lieu en région, à Baume-les-Dames. A Besançon, Simon-Pierre Bestion et ses chanteurs et musiciens nous offriront un nouveau programme réunissant le Stabat Mater de Scarlatti et celui de Dvorak. Liens avec le Concours, avec le territoire : cette mini-résidence de La Tempête est très symbolique à mes yeux.
Le 74e Festival est donc une édition « avec concours ». Les épreuves ne commencent que le 13 septembre, mais pouvez-vous déjà, à partir des épreuves de sélection, dégager quelques caractéristiques de ce 57e Concours ?
J.-M. M. : La crise sanitaire, comme vous pouvez l’imaginer, a perturbé les choses et nous avons eu 30% de candidats en moins. On relève très peu de candidatures d’Amérique dans la mesure où n’avons pratiquement auditionné personne au Canada. En revanche l’Asie conserve un poids très important avec une baisse du Japon et une montée de la Chine – dont quelques candidats présentant une personnalité très affirmée. Place de l’Asie, vieille Europe qui continue de bien se défendre ; nous sommes tout de même dans la continuité de l’édition 2019. Quant aux femmes, leur place ne progresse pas énormément ; elles n’ont représenté que 17-18% des candidatures, mais nous comptons tout de même cinq cheffes parmi les vingt baguettes retenues au terme des présélections – conduites par Jacques Mercier et Catherine Larsen-Maguire – qui se sont achevées début juillet à Berlin. (1)
Et les Français ?
J.-M. M. : Ils sont quatre, dont le benjamin du concours : Simon Clausse, 20 ans !
Quid du Jury qui aura la charge de départager les concurrents ?
J.-M. M. : Paul Daniel en sera le président ; il connaît bien l’exercice des concours pour avoir présidé celui de Leeds il y a quelques années. Il aura autour de lui Jean-François Verdier, Gillian Moore, Jacques Mercier, Dima Slobodeniouk, Katy Woolley – le cor solo de l’Orchestre du Concertgebouw – et Camille Pépin.
Camille Pépin qui signe la pièce contemporaine de la finale ...
J.-M. M. : Il s’agira de la création mondiale d’un ouvrage intitulé Aux confins de l’orage, une commande du Festival. Ce n'est en rien un « morceau de concours », avec la dimension démonstrative que cette formule recouvre parfois, mais une partition appelée à mener sa propre vie par la suite. Avec cette pièce se refermera la résidence que Camille Pépin effectue depuis 2019 à Besançon. On découvrira une autre création de sa main, pour cordes celle-là, Energie blanche, bleu lointain, une co-commande du Festival, dans le programme du Concert idéal (le 21/09).
Aux confins de l’orage précédera la 5e Symphonie de Sibelius lors de la dernière épreuve. Une première à Besançon que la présence d'un opus du compositeur finlandais en finale ...
J.-M. M. : C’est une suggestion de Paul Daniel et un choix dont je me réjouis grandement ; une œuvre assez redoutable dans laquelle il sera aussi passionnant qu’instructif de découvrir les trois finalistes !
Qu’en est-il de l’accompagnement post-concours du lauréat ?
J.-M. M. : Depuis quatre ans nous avons mis en place un accompagnement de trois mois, car on peut aisément commettre des erreurs en début de carrière. Remporter le prix est une chose, mais si de mauvais choix – d’agent, de répertoire, etc. – sont effectués à ce stade, les risques sont grands de se brûler les ailes ... Nous faisons appel à une grande professionnelle de la musique, en activité à Bamberg, dont la tâche est de permettre au lauréat d’éviter les écueils et – chose essentielle – de l'aider à garder la tête froide !
Propos recueillis par Alain Cochard, le 6 septembre 2021
Liste des 20 candidats sélectionnés et des membres du jury : festival-besancon.com/57-concours-2021/
74ème Festival international de musique de Besançon-Franche-Comté
Du 10 au 25 septembre 2021
57e Concours international de jeunes chefs d’orchestre
Du 13 au 18 septembre 2021
Avec la participation de l’Orchestre Victor Hugo Franche-Comté (1er tour, 2e tour) et de l’Orchestre national de Lyon ( demi-finale oratorio et opéra, finale)
festival-besancon.com/
Photo © Yves Petit
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