Programme passionnant et sans concession : Jakub Hrusa, le jeune prodige (né en 1981) de la direction tchèque, met en regard le sensuel 1er Concerto de violon de Szymanowski (1916, sans que la guerre y porte la moindre ombre, une œuvre panthéiste et dionysiaque à la fois) et « Asrael », la grande réflexion philosophique déduite par Josef Suk en 1906 des morts successives de son beau père, Antonin Dvorak, puis de son épouse, Otylka.

« Asrael » c’est le portrait de l’Ange d’agonie ; une impressionnante symphonie en cinq mouvements unifiée par un tissage complexe de thèmes et de sous thèmes, alternant fulgurance dramatique et errance consolatrice, un univers et une expérience à la fois. Partition admirable et redoutable : le style y fait tout.

Le Philharmonique de Radio France aura donc fort à faire, d’autant que le Concerto op 35 de Szymanowski n’est pas une œuvre aisée à mettre en place et qu’elle aussi dévorera les services de répétition. Pari risqué donc, mais dont on honore par avance le courage. Christian Tetzlaff, lui, connaît son Szymanowski sur le bout des doigts. Il vient d’ailleurs de l’enregistrer avec Pierre Boulez pour la Deutsche Grammophon.

Jean-Charles Hoffelé

Szymanowski : Concerto pour violon n°1, Christian Tetzlaff (violon)
Josef Suk : Symphonie « Asrael »
Orchestre Philharmonique de Radio France, dir. Jakub Hrusa
Paris - Salle Pleyel
16 avril 2010

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Photo : DR