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Yoël Levi et Cédric Tiberghien à l’Orchestre national de Lille - Classe et autorité - Compte-rendu
Inscrit dans une saison particulière pour l’Orchestre national de Lille (en raison de la réfection en cours de la salle du Nouveau Siècle), ce concert Brahms donné au Colisée à Roubaix est placé sous la direction de l’IsraëlienYoël Levi (lequel dirigeait la veille au Palais des Congrès de Paris sous les feux des projecteurs son Orchestre national d’Ile-de-France aux Victoires de la Musique classique).
Soliste du 2ème Concerto op 83 de Brahms, Cédric Tiberghien se joue des difficultés de cette imposante œuvre d’une cinquantaine de minutes avec une intensité, une élégance, un art pianistique accompli, maniant avec subtilité une infinie palette de couleurs, débusquant derrière les notes la somptuosité de l’écriture brahmsienne et sa plénitude sonore. Dans l’Andante, le lyrisme du clavier répond au chant somptueux du violoncelle solo Jean-Michel Moulin. Le sens de la construction, la capacité de réflexion de cette interprétation où la légèreté de touche le dispute à la profondeur de la pensée, témoignent de la hauteur de vue de cet artiste si apprécié à l’étranger(1) et hélas trop peu présent dans l’Hexagone malgré sa victoire au Concours Long-Thibaud en 1998. Le bis (Canope, extrait du 2ème Livre des Préludes de Debussy) offre un moment de poésie suspendue, d’une prenante étrangeté, transcendé par le timbre de l’un des meilleurs interprètes actuels de Claude de France.
Avec la Première Symphonie de Brahms, Yoël Levi s’engage à nouveau dans un voyage au long cours. Attentif à l’architecture, à l’élan rythmique, son exécution stylée est d’une solidité à toute épreuve, et sa conception virile d’une rigueur patricienne. Sous sa baguette sûre (comme à son habitude il dirige tout par cœur), les instrumentistes s’engagent avec une ardeur jamais prise en défaut. On notera les fines interventions du violon de Stefan Stalanowski (Andante sostenuto), l’assurance de la flûte de Chrystel Delaval, la pureté du hautbois de Baptiste Gibier, le son mordoré de la clarinette de Christian Gossart ou la précision du timbalier Laurent Fraiche. Une belle soirée suivie par un public nordiste qui manifeste toujours le même enthousiasme contagieux.
Michel Le Naour
(1) Prochaines apparitions de Cédric Tiberghien à Boston, New York, Pékin, Tokyo, Berlin, Sao Paulo… A noter toutefois, un récital Beethoven, Schumann, Szymanowski, Debussy à Bordeaux le 23 mars (salle Agora).
Roubaix, Colisée, 21 février 2012
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Photo : Benjamin Ealovega
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