Journal
Portrait de Vassilis Varvaresos – " Jouer du piano, ce n'est pas une blague !"
Portrait de Vassilis Varvaresos – " Jouer du piano, ce n'est pas une blague !"
Tandis que son très beau récital « V for Valse » (1) sort chez Aparté, Vassilis Varvaresos est au rendez-vous de la salle Gaveau, le 15 mai, dans un programme largement inspiré par cette nouveauté discographique. De plus en plus présent sur les scènes françaises, le pianiste est depuis très longtemps un habitué du concert puisqu’il fit sa première apparition publique à 6 ans, et débuta en concerto dès 11 ans (il se confronta pour la première fois au 2ème de Rachmaninov à 12 ans à Thessalonique, ville où il a vu le jour en 1983). Envol étourdissant de l’enfant prodige, avec les contreparties négatives qui se feront plus tard sentir : le jeune virtuose les affrontera et les surmontera pour devenir l’interprète qu’il est aujourd’hui. Rien toutefois n’aurait été possible sans l’irremplaçable apport de quelques maîtres ...
En Grèce, V. Varvaresos étudie auprès de Milena Mollova. Une artiste d’origine russe, discrète sur la richesse de son parcours musical – « je n’ai appris que tardivement qu’elle avait travaillé auprès d’Emil Guilels », confie son ancien élève – mais qui pose les bases a partir desquelles le musicien va se construire. « J’ai été très chanceux de la rencontrer. C’était un enseignement « à la russe », exigeant, avec des leçons de deux ou trois heures. » L’amour de la musique et le sérieux du travail vont de pair dans la pédagogie de M. Mollova. « J’ai vite compris que l’apprentissage du piano n’est pas une blague et mesuré l’enjeu pour un interprète de prendre place au clavier devant un auditoire. »
En Grèce, V. Varvaresos étudie auprès de Milena Mollova. Une artiste d’origine russe, discrète sur la richesse de son parcours musical – « je n’ai appris que tardivement qu’elle avait travaillé auprès d’Emil Guilels », confie son ancien élève – mais qui pose les bases a partir desquelles le musicien va se construire. « J’ai été très chanceux de la rencontrer. C’était un enseignement « à la russe », exigeant, avec des leçons de deux ou trois heures. » L’amour de la musique et le sérieux du travail vont de pair dans la pédagogie de M. Mollova. « J’ai vite compris que l’apprentissage du piano n’est pas une blague et mesuré l’enjeu pour un interprète de prendre place au clavier devant un auditoire. »
A l’école de rigueur de M. Mollova succède celle de la Juilliard School, où Varvaresos a le privilège d’étudier auprès de deux autres grands maîtres. Il travaille évidemment le piano avec Jerome Lowenthal, mais ce sont plus encore sans doute les longues discussions – musique, poésie, philosophie, etc. – qu’il peut avoir avec cet ancien élève d’Eduard Steuermann, Alfred Cortot et Nadia Boulanger qui le nourissent. Autre pédagogue marquant fréquenté à New York, Robert McDonald fascine le jeune interprète par « son humilité face à la musique – une humilité qui rend plus intelligent – et son oreille fabuleuse ».
Des qualités qu’il ne manque pas d’associer à Michel Dalberto, avec lequel, de retour en Europe, il entreprend en 2012 un cycle de perfectionnement au Conservatoire National Supérieur de Paris. Plutôt qu’une relation entre un professeur et un élève, c’est celle « entre un mentor et un jeune pianiste » qui s’établit, fondée sur la « discussion et le respect mutuel ». Varvaresos désigne les deux années d’études auprès de M. Dalberto comme parmi les plus enrichissantes de son cursus. « Michel a une formidable ouverture d’esprit et, pour lui aussi, le piano ce n’est pas une blague : ça m’a beaucoup marqué. Je me reconnais dans la sincérité de son rapport à la musique.»
Plus jeune lauréat de l’histoire des Young Concert Artists Auditions de New York à 14 ans, le pianiste grec a connu des débuts très – trop – rapides. Il est Aspen à 15 ans, au Carnegie Hall à 16 ans... Tout s’enchaîne « jusqu’au moment où j’ai compris, où la vie m’a fait comprendre que jouer vite, gagner des concours ne suffit pas ... J’ai traversé des années difficiles, c’est un peu comme si la vie m’avait déconstruit ... pour me reconstruire. Je voulais arrêter le piano, j’ai écrit un livre, des chansons, des musiques de films. Un beau jour, j’étais avec un grand ami pianiste, nous écoutions Horowitz dans la 1ère Ballade de Chopin. Je me suis mis à pleurer et me suis dit : voilà pourquoi tu veux jouer du piano. Pas pour la carrière, ni pour les applaudissements, mais pour ce phrasé. Ça a vraiment changé ma vie ; j’avais 22 ou 23 ans. »
« J’ai peu à peu repris confiance en moi et me suis présenté à divers concours. J’ai souvent été éliminé dès le premier tour jusqu’au jour où, en 2014, je me suis rendu au Concours Enesco de Bucarest, alors que je sortais d’un épisode difficile de ma vie personnelle. A la première épreuve (un prélude et fugue de Bach, une sonate de Mozart, quelques études de Chopin et de Scriabine), j’ai commencé à pleurer, j’oubliais le jury tellement j’étais heureux de jouer du piano malgré mes difficultés personnelles ; je ne voulais pas jouer pour gagner ; je jouais parce que ça me faisait du bien. Je suis sorti de scène, suis rentré à l’hôtel. Et tout a continué dans cet état d’esprit jusqu’en finale, au terme de laquelle j’ai obtenu le 3ème Prix."
Des qualités qu’il ne manque pas d’associer à Michel Dalberto, avec lequel, de retour en Europe, il entreprend en 2012 un cycle de perfectionnement au Conservatoire National Supérieur de Paris. Plutôt qu’une relation entre un professeur et un élève, c’est celle « entre un mentor et un jeune pianiste » qui s’établit, fondée sur la « discussion et le respect mutuel ». Varvaresos désigne les deux années d’études auprès de M. Dalberto comme parmi les plus enrichissantes de son cursus. « Michel a une formidable ouverture d’esprit et, pour lui aussi, le piano ce n’est pas une blague : ça m’a beaucoup marqué. Je me reconnais dans la sincérité de son rapport à la musique.»
Plus jeune lauréat de l’histoire des Young Concert Artists Auditions de New York à 14 ans, le pianiste grec a connu des débuts très – trop – rapides. Il est Aspen à 15 ans, au Carnegie Hall à 16 ans... Tout s’enchaîne « jusqu’au moment où j’ai compris, où la vie m’a fait comprendre que jouer vite, gagner des concours ne suffit pas ... J’ai traversé des années difficiles, c’est un peu comme si la vie m’avait déconstruit ... pour me reconstruire. Je voulais arrêter le piano, j’ai écrit un livre, des chansons, des musiques de films. Un beau jour, j’étais avec un grand ami pianiste, nous écoutions Horowitz dans la 1ère Ballade de Chopin. Je me suis mis à pleurer et me suis dit : voilà pourquoi tu veux jouer du piano. Pas pour la carrière, ni pour les applaudissements, mais pour ce phrasé. Ça a vraiment changé ma vie ; j’avais 22 ou 23 ans. »
« J’ai peu à peu repris confiance en moi et me suis présenté à divers concours. J’ai souvent été éliminé dès le premier tour jusqu’au jour où, en 2014, je me suis rendu au Concours Enesco de Bucarest, alors que je sortais d’un épisode difficile de ma vie personnelle. A la première épreuve (un prélude et fugue de Bach, une sonate de Mozart, quelques études de Chopin et de Scriabine), j’ai commencé à pleurer, j’oubliais le jury tellement j’étais heureux de jouer du piano malgré mes difficultés personnelles ; je ne voulais pas jouer pour gagner ; je jouais parce que ça me faisait du bien. Je suis sorti de scène, suis rentré à l’hôtel. Et tout a continué dans cet état d’esprit jusqu’en finale, au terme de laquelle j’ai obtenu le 3ème Prix."
Noé Inui © Jetta Deplazes
Après quelques enregistrements, dont un Schumann-Strauss avec le violoniste Noé Inui (Navis Classics) et un Winterreise au côté du baryton Dimitris Tiliakos (Navis Classics), V. Varvaresos signe un récital autour de la valse.
L’amour pour la Valse de Ravel, découverte à 12 ans dans la version de Seiji Ozawa, est à l’origine d’un programme où, de Liszt (Méphisto-Valse, Valse-caprice d’après Schubert) à Ravel en passant par un ardent Carnaval de Vienne de Schumann – auteur essentiel s'il en est pour Varvaresos –, la Valse sentimentale op. 51 n° 6 de Tchaïkovski, la Valse op. 38 de Scriabine et le coruscant Carnaval de Vienne de Moriz Rosenthal, enlevé avec un chic fou, l’interprète montre un engagement et une palette sonore qui rendent impatient de le retrouver à Gaveau. Programme proche de celui du disque, moins le Tchaïkovski et le Rosenthal, et précédé par la Sonate « Les Adieux » de Beethoven.
Le 20 mai, il faudra être aux Pays Bas (La Haye) pour écouter le pianiste en duo avec son violoniste de prédilection, Noé Inui, mais dès le 1er juin V. Varvaresos sera de retour en France, pour le Festival « Correspondances des arts » de Braine (dans l’Aisne) ; il s’y produira entres autres en compagnie de Magali Léger dans un programme de mélodie française.
Alain Cochard
Après quelques enregistrements, dont un Schumann-Strauss avec le violoniste Noé Inui (Navis Classics) et un Winterreise au côté du baryton Dimitris Tiliakos (Navis Classics), V. Varvaresos signe un récital autour de la valse.
L’amour pour la Valse de Ravel, découverte à 12 ans dans la version de Seiji Ozawa, est à l’origine d’un programme où, de Liszt (Méphisto-Valse, Valse-caprice d’après Schubert) à Ravel en passant par un ardent Carnaval de Vienne de Schumann – auteur essentiel s'il en est pour Varvaresos –, la Valse sentimentale op. 51 n° 6 de Tchaïkovski, la Valse op. 38 de Scriabine et le coruscant Carnaval de Vienne de Moriz Rosenthal, enlevé avec un chic fou, l’interprète montre un engagement et une palette sonore qui rendent impatient de le retrouver à Gaveau. Programme proche de celui du disque, moins le Tchaïkovski et le Rosenthal, et précédé par la Sonate « Les Adieux » de Beethoven.
Le 20 mai, il faudra être aux Pays Bas (La Haye) pour écouter le pianiste en duo avec son violoniste de prédilection, Noé Inui, mais dès le 1er juin V. Varvaresos sera de retour en France, pour le Festival « Correspondances des arts » de Braine (dans l’Aisne) ; il s’y produira entres autres en compagnie de Magali Léger dans un programme de mélodie française.
Alain Cochard
(Entretien avec Vassilis Varvaresos réalisé le 10 mai 2018)
(1) 1CD Aparté AP172/ dist. PIAS
Vassilis Varvareso, piano
Œuvres Beethoven, Liszt, Schumann, Scriabine, Ravel.
15 mai 2018 – 20h30
Paris – Salle Gaveau
www.sallegaveau.com/
Festival « Correspondances des Arts »
Du 1er au 3 juin 2018
Braine – Collégiale et salle Jacques Pelletier
www.tourisme-soissons.fr/Agenda/Fetes-et-expositions/Festival-Correspondances-des-Arts#&panel1-2
Site de Vassilis Varvaresos : www.varvaresos.com/
(1) 1CD Aparté AP172/ dist. PIAS
Vassilis Varvareso, piano
Œuvres Beethoven, Liszt, Schumann, Scriabine, Ravel.
15 mai 2018 – 20h30
Paris – Salle Gaveau
www.sallegaveau.com/
Festival « Correspondances des Arts »
Du 1er au 3 juin 2018
Braine – Collégiale et salle Jacques Pelletier
www.tourisme-soissons.fr/Agenda/Fetes-et-expositions/Festival-Correspondances-des-Arts#&panel1-2
Site de Vassilis Varvaresos : www.varvaresos.com/
Photo @ Yannis Gutmann
Derniers articles
-
14 Novembre 2024Pierre-René SERNA
-
13 Novembre 2024Alain COCHARD
-
13 Novembre 2024Alain COCHARD