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La Traviata à Toulouse - Vraie émotion et sophistication discutable - Compte-rendu
En affichant La Traviata en ouverture de sa première saison programmée en tant que directeur artistique du Théâtre, Christophe Ghristi souhaitait rendre au Capitole la large audience qui lui avait fait trop souvent défaut au cours des années précédentes. Si l’on en juge par l’accueil chaleureux qu’a connu cette soirée, son pari est en passe d’être gagné.
Signée par Pierre Rambert, venu du Lido et qui faisait là ses débuts dans le domaine lyrique, cette production luxueuse ne peut que plaire à tous ceux qui découvriront ainsi l’un des piliers du grand répertoire d’opéra. Mélangeant plusieurs époques et plusieurs styles d’ameublement, les décors d’Antoine Fontaine ont une certaine allure, à défaut d’être toujours pertinents (que vient faire cette villa en bord de Méditerranée au second acte ?). Les costumes sophistiqués de Frak Sorbier rappellent un peu trop, à mon gré, les fastes du music-hall et il faut attendre la toute fin pour qu’une Violetta, tête rasée, échappe à ce contexte tape-à-l’œil. Sans originalité particulière, la direction d’acteurs s’en tient à une lecture sommaire de l’intrigue. Avec quelques gestes convenus, les protagonistes viennent exposer leurs états d’âme sur le devant du plateau tandis que choristes et figurants ne savent pas trop quelle attitude adopter. On l’a compris, je ne suis que très modérément séduit par cette approche très extérieure d’un opéra qui peut se prêter à des analyses autrement percutantes. Et ce n’est pas l’ascension finale de l’héroïne, disparaissant dans une gigantesque fleur de camélia, qui suffit à donner de l’envol à une lecture sans relief affirmé.
Reste heureusement un plateau vocal de tout premier choix, dirigé hélas de manière bien imprécise par George Patrou, à la tête d’un orchestre qui , à plus d’un moment, semble s’en tenir à un service minimum. Nicola Alaimo a plus que les moyens qu’il faut pour camper un Germont de grande envergure. La noblesse de son style ainsi que sa forte présence physique marquent incontestablement cette distribution. Dans le rôle d’Alfredo, Airam Hernandez fait valoir, lui aussi, un chant superbement maîtrisé, au timbre lumineux, aux élans vigoureux et aux nuances justes. Une mise en scène plus inventive aurait certainement amélioré son jeu qui reste emprunté. Anita Hartig trace un portrait attachant de Violetta, en laissant transparaître comme il se doit la fragilité et l’émotion derrière les masques dorés des réjouissances mondaines. D’un acte à l’autre sa voix gagne en chaleur, jusqu’à un « Addio del passato », bouleversant dans son dépouillement tragique. Une belle artiste de toute évidence ! Tous les autres rôles ainsi que les chœurs dans leur ensemble se montrent au niveau de ce que l’on peut attendre dans une maison lyrique de toute première classe.
Pierre Cadars
Théâtre du Capitole, 26 septembre
Autres représentations, avec la même distribution le 29 septembre, les 2 et 4 octobre à 20 h , le 7 octobre à 15 h. Une deuxième distribution , réunissant Polina Pastirchak, Kévin Amiel et André Heyboer assure les représentations du 28 septembre et du 5 octobre à 20 h ainsi que du 30 septembre à 15 h et du 7 octobre à 20 h 30.
Coproduction avec l’Opéra National de Bordeaux
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