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Musique et Jeune Public (12) – Festival d’Ambronay : toutes les musiques pour tous les publics
Dimanche 23 septembre, 3ème week-end du Festival d’Ambronay. La chaleur règne sous le chapiteau installé dans le parc de l’Abbaye – cadre des spectacles qui ne peuvent être donnés dans l’abbatiale (réservée à la musiques sacrée) – ne semble pas déranger le moins du monde les enfants venus nombreux assister à « On ne vole pas qu’avec des ailes » par la Compagnie Bab Assalam (1) (photo). La température élevée se marie plutôt bien avec les musiques que le spectacle met en scène, celles d’un Orient que l’on découvre bien plus proche de nous qu’on ne le pensait. Et tel est le but du projet. Sur le thème «Vibrations : Cosmos », fil conducteur de l’édition 2018 d’Ambronay, le clarinettiste Raphaël Vuillard, le célèbre oudiste et chanteur Khaled Aljaramani, son frère Mohanad aux percussions et au chant et le comédien et marionnettiste Laurent Bastide (photo, au fond à gauche) font découvrir au public le fabuleux recueil de contes persans « Kalîla et Dimna », qui a traversé les langues et les cultures et est à l’origine de nombreuses fables occidentales, dont certaines signées Jean de La Fontaine. Ils nous font surtout entendre le mariage chaleureux entre les chants et les musiques syriennes et le répertoire occidental baroque et contemporain, avec comme lien sonore, ces clarinettes dont Raphaël Vuillard est un expert.
J'sais pas vous, moi c'est plutôt avec les yeux fermés © Bertrand Pichène
Mieux qu'un verre de vin !
Après le spectacle, une rencontre avec les musiciens s’organise et, là encore, les plus jeunes sont nombreux avec une foison de questions curieuses. On reconnaît certains des participants à l’atelier d’initiation du matin, que proposaient les deux musiciens syriens dans la Tour des Archives. Rien de moins simple que la virtuosité rythmique propre à la musique orientale : frapper, glisser, garder le tempo, le croiser avec un autre, puis un autre ; une vingtaine de personnes, grands et petits, ont expérimenté la richesse sonore du bendir, ce large tambour oriental capable de tant de nuances. Ils sont parvenus à cette régularité rythmique qui, comme le raconte Khaled, peut conduire à la transe. « C’est beaucoup mieux qu’un verre de vin », lance-t-il en riant !
Les trois musiciens de la compagnie Bab Assalam – "la porte de la paix en arabe" – se sont rencontrés il y a treize ans à Alep et ne se sont plus quittés depuis. Les événements récents, la guerre, les ont définitivement installés en France, à Lyon, et ont orienté la nature de leurs spectacles. « Les notes ne suffisaient plus ; « On ne vole pas qu’avec des ailes » n’est pas, a priori, conçu pour les enfants, explique Raphaël Vuillard. Nous voulions faire du concert autrement, raconter, rencontrer … »
Le spectacle a donc été présenté à différents publics, dont des enfants, souvent dans les banlieues. « Mais j’aimerais qu’il soit montré aussi à des publics favorisés, réclame Raphaël, pour leur parler de la réalité de l’émigration et de l’exil, et de la fraternité ». La présence de Bab Assalam à Ambronay, avec un concert la veille, de caractère plus formel, puis trois concerts pour les plus jeunes (dont deux scolaires), réalise en partie le souhait de se faire entendre par tous.
Et un p'tit tour de cacophonium ! © Bertrand Pichène
Pas de dichotomie entre petits et grands
Et l’on comprend mieux pourquoi ces musiciens ont été choisis par le festival. « Nous ne voulons pas que des salles d’enfants, nous voulons des salles transgénérationnelles, explique Marina Roche Lecca, secrétaire générale du CCR d’Ambronay, longtemps en charge des publics. La dichotomie entre jeunes et tous publics n’existe pas pendant le festival. Nous sommes sur la musique ancienne, l’accompagnement des jeunes ensembles, la redécouverte des œuvres, c’est l’essence du festival, que nous souhaitons faire découvrir à un autre type de public, au sens large ».
Les enfants ne sont pas « oubliés » à Ambronay, bien au contraire, mais ils sont sollicités au même titre que les autres publics, sur des terrains multiples, qui permettent à chacun de trouver sa place : ateliers de pratique, visites en musique des lieux, permaculture, marché bio, « cacophonium » (un manège sonore à pédales)… Les plus jeunes sont ainsi invités à entrer dans ces lieux patrimoniaux et parfois, c’est la musique qui les y conduit, comme dans l’histoire du joueur de flûte de Hamelin. La convivialité est le maître-mot du festival : en ce dimanche ensoleillé, non loin de l’Abbatiale, toutes portes ouvertes – les musiciens et chanteurs du Banquet Céleste sont en pleine répétition –, la musique de Haendel traverse le lieu d’accueil où parents et enfants peuvent se retrouver autour de jouets en bois.
L'ensemble Il Gran Teatro del Mundo © eeemerging.ue
Un rapport large et innovant au Jeune Public
Le souhait de l’équipe est que les gens ne viennent pas seulement pour un concert, passent par la case boutique ou restaurant et repartent. « En parallèle à une programmation spécifique qui s’inscrit dans les rendez-vous du festival, le rapport au jeune public du CCR est plus large et innovant. C’est une question bien plus fondamentale de droit à la culture, souligne M. Roche Lecca. Ambronay est un Centre Culturel de Rencontre, et le festival n’est qu’un coup de projecteur, la partie visible de cet iceberg qui soutient les jeunes compagnies, propose des résidences, enregistre des disques et travaille sur la territorialité en accompagnant des projets culturels de proximité tout au long de l’année. Il offre une rencontre ponctuelle, tout au long des quatre week-ends, mais c’est davantage un lieu où peut naître un projet. »
Ces projets à construire font partie de l’accompagnement en médiation des jeunes ensembles européens accueillis à Ambronay dans le cadre du projet Eeemerging(2). Les propositions qui leur sont suggérées se déclinent de deux manières : des répétitions publiques commentées, par n’importe quel moyen, même la gastronomie, et les Impromptus, des rendez-vous de fin de résidence au cours desquels les artistes sont invités à modifier la forme des concerts, par des spatialisations, des promenades, etc. « Avec les Impromptus, nous essayons de réveiller le public et de découvrir des points de convergence nouveaux, conclut Marina Roche Lecca. »
Le Festival 2018 est terminé ; la saison hivernale commence et réserve de belles surprises aux petits comme aux grands.
Les prochains rendez-vous se tiendront en novembre, grâce à deux des huit formations en résidence du programme Eeemerging. L’ensemble La Vaghezza, offrira une répétition publique, le 8 novembre, et un Impromptu, le 9 novembre, Salle Monteverdi, puis, les 15 et 16 novembre en ce même lieu, ce sera au tour de l’ensemble El Gran Teatro del Mundo de faire preuve d’imagination.
Dominique Boutel
(1) Site de la Compagnie Bab Assalam : www.babassalam.com
(2) Pour en savoir plus sur le Programme Eeemerging :
residences.ambronay.org/Actualites/Ensembles-eeemerging-2018-la-promo-i2990.html
eeemerging.eu
Centre Culturel de Rencontre d’Ambronay
www.ambronay.org
Calendrier
1) des répétitions publiques : actionculturelle.ambronay.org/Rendez-vous-publics-2018/Les-repetitions-publiques/r443.html
2) des Impromptus : actionculturelle.ambronay.org/Rendez-vous-publics-2018/Les-Impromptus/r442.html
Photo © babassalam.com
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