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Bruno Leonardo Gelber et Justin Brown à Nancy – Un modèle d’interprétation – Compte-rendu
Dans la superbe Salle Poirel, joyau de l’Art Nouveau où fut créé le Poème de Chausson en 1896, l’Orchestre symphonique et lyrique de Nancy présentait un programme romantique conduit par le britannique Justin Brown (né en 1964, cet ancien élève de Seiji Osawa et Leonard Bernstein se partage entre le Badisches Staatstheater Kalsruhe et l’Alabama Symphony Orchestra) et en soliste le pianiste argentin Bruno Leonardo Gelber (photo).
Justin Brown © Kelly Newport
L’Ouverture Leonore I op. 138 – composée par Beethoven en 1807, la pièce, demeurée inédite, fut créée sous la direction de Mendelssohn à Düsseldorf en 1838 – possède l’élan et la dynamique qui conviennent sous une direction claire et précise sachant habilement ménager les effets, en particulier dans les crescendos d’esprit curieusement rossinien.
Le Concerto n° 5 « L’Empereur » constitue l’un des chevaux de bataille de Gelber depuis plus de cinquante ans, et la venue de cet artiste d’exception à Nancy a valeur d’événement compte-tenu de son relatif éloignement des scènes hexagonales. La densité du son, la conduite de la ligne et la recherche des voix intérieures restent un modèle d’interprétation. La maîtrise technique n’est plus aussi parfaite que jadis mais l’on savoure toujours la qualité du phrasé (l’Adagio un poco mosso central constitue un moment exceptionnel d’émotion), le sens de l’architecture et un art des contrastes puissamment dosé en osmose avec une conception orchestrale très allante.
Après l’entracte, la Symphonie n°2 de Schumann connaît le même traitement : les musiciens lorrains sont sans cesse poussés dans leurs retranchements par une baguette qui ne les lâche jamais et se montre narrative, expressive et lyrique (Adagio espressivo).Visiblement satisfait, l’Orchestre applaudit à tout rompre un chef avec lequel il faudra incontestablement compter.
Michel Le Naour
Nancy, Salle Poirel, 23 novembre 2018
Photo © DR
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