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Azor de Gaston Gabaroche à l’Athénée – Traitement multivitaminé – Compte rendu
Avec la fin de l’année, l’opérette trouve rituellement sa place à l’Athénée. Point d’ouvrage d’Offenbach ou d’Hervé à l’affiche cette fois : la maison de Louis Jouvet joue la carte de la rareté avec Azor, partition cosignée de Gaston Gabaroche, Pierre Chagnon et Fred Pearly sur un livret partagé, lui aussi, entre l’incontournable Albert Willemetz, Max Eddy et Raoul Praxy.
Créé en septembre 1932 aux Bouffes Parisiens (Arletty tenait le rôle de Mme Marny), Azor offre une parfaite illustration de ces opérettes/comédies musicales chères à l’entre-deux-guerres et, plus précisément ici, à des années 30 touchées de plein fouet par les effets du krack de 1929. Azor est le surnom d’un certain Gaston, commissaire de police de l’Ouest parisien, poète (très) inoffensif à ses heures, amateur de cravates et de caleçons à pois, qui se retrouve mêlé aux agissements d’une bande de voleurs des beaux quartiers ; autant dire que l’action regorge de rebondissements et de goûteuses invraisemblances.
© Nicolas Spanoudis
De rythme, l’Azor proposé à l’Athénée n’en manque pas, puisque c’est revu et corrigé par le jazzman Emmanuel Bex que l’on découvre l’ouvrage de Gabaroche, arrangé pour guitare électrique, batterie et orgue Hammond. Pas de place pour la nostalgie dans cette version (avec voix sonorisées) ; elle vous embarque dans un étourdissant spectacle de deux heures, sans entracte - et sans temps mort ! Stéphan Druet (mise en scène) et Alma de Villalobos (chorégraphie) ont su parfaitement faire corps avec les options musicales jazz-rock d’E. Bex ; le résultat s’avère réjouissant de tonus et de fluidité.
© Nicolas Spanoudis
Il vrai qu’Azor peut compter sur le talent des chanteurs de la Compagnie Quand On Est Trois (on y retrouve des artistes s’étant précédemment illustrés chez Les Brigands). Mélange de naïveté et d’impétuosité – et physique de l’emploi – : Quentin Gibelin est simplement parfait dans le rôle-titre. On ne résiste pas plus au Robert Favier de Julien Alluguette, aussi bon chanteur et comédien que danseur (son remarquable déhanché est très sollicité tout au long de la soirée), à Gilles Bugeaud, impayable en brigadier, comme en M. Marny ou en Ministre de la Justice lors du croquignolesque bal costumé sur lequel se clôt l’ouvrage. La Mme Marny, complètement nympho, d’Emmanuelle Goizé (qui signe par ailleurs la scénographie) nous vaut de sacrés fous rires, tout comme la Ministresse d’Estelle Kaique – avec son faux air de Valérie Lemercier – , la Marlène Dubois très sexy de Fanny Fouquez et la piquante Cloclo-la-Panthère de Pauline Gardel. N'oublions pas, enfin, l’irrésistible Steinkopf de Pierre Méchanik, prestidigitateur rusé reconverti dans le cambriolage au sein de la bande de Kiki-La-Frisette.
Installés à cour sur la scène, les musiciens prennent part au spectacle dans des rôles secondaires : Antoine Fresson (guitare) pour Kiki-La-Frisette, Tristan Bex (batterie) en ambassadeur du Paraguay et Emmanuel Bex (orgue Hammond, claviers) en directeur de la Banque de France. Azor, vous l’avez compris, nous réserve une savoureuse galerie de portraits : ils ne prennent que plus de relief par les vertus de la potion multivitaminée prescrite par le docteur Bex ! La fête dure jusqu’au 13 janvier.
Alain Cochard
Gabaroche/Willemetz : Azor – Paris, Athénée Théâtre Louis-Jouvet 21 décembre 2018, prochaines représentations les 22, 27, 28, 29 décembre 20118 & les 2, 3, 4, 5, 6, 8, 9, 10, 11, 12, 13 janvier 2019 // concertclassic.fnacspectacles.com/place-spectacle/manifestation/Theatre-musical-AZOR-ZORA1.htm
Photo © Nicolas Spanoudis
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