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Santtu-Matias Rouvali à l’Orchestre Philharmonique de Radio-France – Quand les couleurs dansent – Compte-rendu
Auditorium de Radio France quasi comble : d’évidence le phénomène Santtu-Matias Rouvali prend, et ce n’est que justice envers l’une plus extraordinaires baguettes de la nouvelle génération. Tandis que premier volume d’une intégrale des Symphonies de Sibelius (avec l’Orchestre de Göteborg) sort chez Alpha – une galette occupée par une 1ère Symphonie, d’une modernité et d’une originalité sidérantes, et par un En Saga non moins convaincant –, le jeune maestro (né en 1985) a rendez-vous avec le Philharmonique de Radio France, phalange avec laquelle des liens privilégiés se sont noués – il n’est que regarder les visages des musiciens attendant l’entrée du chef pour le comprendre ...
Sheku Kanneh-Mason © Lars Borges
La magie opère d’emblée avec Debussy et un Prélude à l’après-midi d’un faune d’une fluidité et d’une sensualité irrésistibles, auxquelles la flûte de Magali Mosnier ajoute la simplicité et l’évidence de son chant. Gestique aussi précise que féline et puissamment suggestive : Rouvali éveille toutes les couleurs de la partition.
Belle entrée en matière pour une soirée marquée par la première apparition française en concerto de Sheku Kanneh-Mason (né en 1999). Le violoncelliste britannique a pour l’occasion élu l’Opus 85 d’Elgar et peut se féliciter de bénéficier d’un accompagnement aussi attentif et raffiné que celui de Rouvali. Il lui laisse toute latitude pour creuser une interprétation très nuancée, intense, lyrique, idéalement aérienne dans l’Allegro molto, sans aucune surcharge. (1)
Santtu-Matias Rouvali à Montpellier en juillet 2018 © Luc Jennepin
De la musique de chambre au cœur d’un programme symphonique ? Excellente idée qui devrait se pratiquer plus souvent ! Britten et son Phantasy-Quartet op. 2 – la toute première incursion de l’artiste dans le domaine de la musique de chambre – ouvrent la seconde partie de soirée. Quatre membres de l’orchestre, Olivier Doise, hautbois stylé et fruité, Aurore Doise (violon), Julien Dabonneville (alto) et Karine Jean-Baptiste (violoncelle) signent une interprétation vivante et pleine de relief. Couleurs et intimisme dominent avant la grande explosion stravinskienne que tout le monde attend ...
Après un Sacre du printemps très original à Montpellier l’été dernier, Rouvali confirme ses affinités avec le maître russe dans un Pétrouchka d’anthologie. Bras d’une sûreté phénoménale : toutes les questions de mise en place étant résolues, le Finlandais peut pleinement se consacrer à la musique, aux caractères de ces Scènes burlesques. Les danseurs ne sont pas là, mais les couleurs dansent ; on assiste à un véritable ballet de timbres dans une interprétation dont la vitalité, l’esprit, le sens de l’image – l’humour aussi ! – captivent et ravissent de bout en bout. Fantastique moment d’orchestre !
Alain Cochard
(1) Notez Sheku Kanneh-Mason sera de retour en France le 30 juin prochain, dans le cadre du Festival de Saint-Denis, pour un récital Beethoven, Debussy, Fauré, Mendelssohn en compagnie de sa sœur pianiste, Isata : festival-saint-denis.com/fr/blog/concert/sheku-isata-kanneh-mason/
Paris, Auditorium de Radio France, 8 février 2019
Photo © Luc Jennepin
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