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Pavel Kolesnikov en récital à la Salle Gaveau –Savante alchimie – Compte-rendu
Pavel Kolesnikov en récital à la Salle Gaveau –Savante alchimie – Compte-rendu
Les Concerts de Monsieur Croche ont récemment offert à Pavel Kolesnikov (photo) l’opportunité de se produire en récital à Paris. Né en 1989 à Novosibirk, le pianiste russe a remporté la Honens Piano Competition au Canada en 2014, puis a été intégré (de 2014 à 2016) dans le programme New Generation Artists de la BBC 3 – et c’est d’ailleurs à Londres que le jeune artiste est aujourd’hui établi. Allure d’adolescent, voire d’intellectuel un peu égaré dans notre monde : l’impression que donne Kolesnikov lorsqu’il paraît en scène cache en fait une maturité dont témoigne le subtil agencement de son programme.
Les trois Intermezzi op. 117 de Brahms servent de fil d’Ariane, placés en ouverture, après la pause et en conclusion. Les détails de chaque pièce sont savamment analysés sans qu’elles perdent pour autant de leur caractère sensible. Ces « berceuses de la douleur » traduisent l’état d’esprit du soliste plus porté à l’intériorité qu’à la démonstration. Dans la 4ème Sonate op. 7 de Beethoven, il joue avec habileté des contrastes s’appuyant sur une respiration large et un phrasé modelé avec soin, au risque parfois de tomber dans la sophistication, mais l’expérience qu’il fait vivre mérite l’attention.
Après l’entracte, l’interprète propose un tuilage fluide et intelligemment pensé entre les l’Intermezzo op. 117 n° 2 et deux pages de Louis Couperin (Pavane en fa dièse mineur, Suite en la majeur). Les deux compositeurs paraissent se rejoindre dans un même traitement harmonique et des tonalités proches. Il y a dans cette conception beaucoup de recherche et peut-être un excès de sollicitation, mais l’alchimie pianistique emporte toujours l’adhésion.
Avec le florilège tchaïkovskien qui suit l’interprète joue dans son arbre généalogique. Reste qu’il convainc plus dans la Dumka op. 59, emportée avec une énergie flamboyante, que dans Passé lointain et Echo rustique, issus des 18 Pièces op. 72, ou dans la Polka peu dansante op. 51 n° 2 d’une légèreté de touche quelque peu surfaite.
Rêverie interrompue, dernière des 12 Pièces op. 40, entraîne dans des contrées poétiques magiquement servies par un riche Steinway et la sensibilité d’un artiste à l’imagination sans cesse en éveil. En bis, la reprise de l’Intermezzo op. 117 n° 1 de Brahms clôt ce concert sur le modèle de l’Aria des Variations Goldberg s’évanouissant dans l’infini.
D’ici peu, ce sont les qualités de chambriste de Pavel Kolesnikov que le public parisien va pouvoir apprécier : le 15 mars, à l’Auditorium du Louvre, le pianiste sera le partenaire de la violoniste Elina Buksha et du Quatuor Hermès dans le trop rare Concert op. 21 d’Ernest Chausson
Michel Le Naour
Les trois Intermezzi op. 117 de Brahms servent de fil d’Ariane, placés en ouverture, après la pause et en conclusion. Les détails de chaque pièce sont savamment analysés sans qu’elles perdent pour autant de leur caractère sensible. Ces « berceuses de la douleur » traduisent l’état d’esprit du soliste plus porté à l’intériorité qu’à la démonstration. Dans la 4ème Sonate op. 7 de Beethoven, il joue avec habileté des contrastes s’appuyant sur une respiration large et un phrasé modelé avec soin, au risque parfois de tomber dans la sophistication, mais l’expérience qu’il fait vivre mérite l’attention.
Après l’entracte, l’interprète propose un tuilage fluide et intelligemment pensé entre les l’Intermezzo op. 117 n° 2 et deux pages de Louis Couperin (Pavane en fa dièse mineur, Suite en la majeur). Les deux compositeurs paraissent se rejoindre dans un même traitement harmonique et des tonalités proches. Il y a dans cette conception beaucoup de recherche et peut-être un excès de sollicitation, mais l’alchimie pianistique emporte toujours l’adhésion.
Avec le florilège tchaïkovskien qui suit l’interprète joue dans son arbre généalogique. Reste qu’il convainc plus dans la Dumka op. 59, emportée avec une énergie flamboyante, que dans Passé lointain et Echo rustique, issus des 18 Pièces op. 72, ou dans la Polka peu dansante op. 51 n° 2 d’une légèreté de touche quelque peu surfaite.
Rêverie interrompue, dernière des 12 Pièces op. 40, entraîne dans des contrées poétiques magiquement servies par un riche Steinway et la sensibilité d’un artiste à l’imagination sans cesse en éveil. En bis, la reprise de l’Intermezzo op. 117 n° 1 de Brahms clôt ce concert sur le modèle de l’Aria des Variations Goldberg s’évanouissant dans l’infini.
D’ici peu, ce sont les qualités de chambriste de Pavel Kolesnikov que le public parisien va pouvoir apprécier : le 15 mars, à l’Auditorium du Louvre, le pianiste sera le partenaire de la violoniste Elina Buksha et du Quatuor Hermès dans le trop rare Concert op. 21 d’Ernest Chausson
Michel Le Naour
Paris, Salle Gaveau, 6 février 2019
En concert au Louvre le 15 mars 2019 : www.louvre.fr/musiques
En concert au Louvre le 15 mars 2019 : www.louvre.fr/musiques
Photo © DR
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