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Semele au Théâtre des Champs-Elysées – Beau mais sans peps – Compte-rendu
Conçu comme un opéra mythologique italien déguisé en oratorio anglais protestant par Haendel en 1743, Semele est créée sous forme concertante lors d’une série de concerts de carême programmés au Théâtre royal de Londres en février 1744. Malgré la beauté de la partition qui atteste de la maturité artistique du maître, sa longueur (3 actes d’une heure chacun) et son relatif statisme sont un handicap pour l’auditeur acclimaté à se laisser porter par une mise en scène. A la direction de The English Concert et du Clarion Choir, assurant lui-même le continuo, Harry Bicket (photo) n’est pas de ces personnalités qui électrisent les foules. Rigoureux dans sa démarche musicologique, ascétique dans sa manière de respecter les codes du répertoire baroque, le chef s’avère un excellent praticien là où l’on a pris l’habitude d’être davantage secoué, surpris, titillé. Difficile en se retrouvant au Théâtre des Champs-Elysées de ne pas penser au choc procuré par Marc Minkowski en février 2004 en fosse avec ses vrombissants Musiciens du Louvre, pour représenter la Semele mise en scène par David McVicar.
La première à souffrir de ce carcan et de ce diapason résolument trop bas est la soprano Brenda Rae (par ailleurs enceinte de sept mois) qui, à la différence d’illustres titulaires – Sills, Massis, pour ne citer qu’elles, – ne semble à aucun moment se divertir, chante sans véritable aisance, trille sans éclat et donne le sentiment de se réserver uniquement pour venir à bout du 3ème acte au cours duquel elle doit enchaîner « Myself I shall adore » et « No, no I’ll take no less », virtuoses, mais sans ce qui fait le prix du rôle : la totale liberté du chant.
Dans le double rôle d’Ino et Juno, Elizabeth DeShong fait grande impression par la diction, l’ambitus et la rapidité des vocalises (« Hence, Iris »), même si le plus beau moment de la soirée demeure le lamento du 1er acte « Turn, hopeless lover ». Christopher Lowrey est un Athamas de belle facture, comme la basse de Soloman Howard (Cadmus/Somnus) et la soprano de Ailish Tynan, trépidante Iris. Ténor aussi élégant et racé qu’Anthony Rolfe-Johnson ou Richard Croft avant lui, Benjamin Hulett interprète admirablement le personnage de l’époux volage Jupiter et notamment l’hypnotique et élégiaque « Where’ver you walk » d’une liquidité et d’une pureté de ligne bouleversantes.
François Lesueur
Haendel : Semele (version de concert) – Paris, Théâtre des Champs-Elysées, le 03 avril 2019
Photo © Dario Acosta
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