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L’Ecole Normale de Musique face à la crise sanitaire – Adaptation et pistes d’avenir
Avec près de 700 étudiants à 75 % étrangers, l’Ecole Normale de Musique-Alfred Cortot occupe une place à part parmi les établissements d’enseignement supérieur de musique européens où la part d’étudiants étrangers tourne autour d’une moyenne de 20-25%. Après les CNSMD de Paris et Lyon, Concertclassic s’est penché sur la réaction de l’institution du boulevard Malesherbes face à la crise du coronavirus.
« Dès l’annonce du confinement, l’établissement a immédiatement fermé ses portes. Sans que nous ayons eu besoin d’intervenir, les professeurs se sont auto-saisis du problème et ont commencé, chacun en fonction des moyens techniques dont il disposait, a mettre au point des solutions de suivi pédagogique à distance, témoigne François Noël-Marquis (photo), directrice de l'Ecole Normale depuis 2013. Une petite poignée de professeurs faisaient exception, qui imaginaient que le confinement ne durerait qu’un mois et qu’ils pourraient donner des cours de rattrapage après les vacances de printemps. Quand il a été clair que ce serait impossible, ils ont rejoint le mouvement et 100% des professeurs donnent aujourd’hui des cours à distance. »
Il y aura fatalement eu un peu de déperdition, mais plutôt limitée puisque « sur les 700 élèves, cinquante ne prenaient pas de cours la semaine passée, relève la directrice. Parmi nos 700 étudiants, 175 sont repartis chez eux. Ils se répartissent dans 23 pays, avec une prédominance de trois pôles : Chine-Japon-Corée-Taïwan, l’Europe centrale et les Amériques – Etats-Unis et Brésil. Le Colombiens et les Argentins sont pour leur part restés à Paris. »
Skype, WhatsApp, Facetime : les professeurs de l’ENM auront dû en peu de temps apprendre à jongler avec la technologie pour se mettre en relation avec leurs étudiants. A jongler avec les fuseaux horaires aussi car pratiquer un enseignement dirigé vers des longitudes aussi variées n’est pas toujours simple. « Je me lève tôt pour les Japonais et me couche tard pour les Brésiliens » : la formule d’un professeur illustre une difficulté spécifique à l’Ecole Normale. « Mais les enseignants jouent pleinement le jeu, note F. Noël-Marquis, et, malgré toutes les réserves qu’ils font sur la qualité sonore de l’échange avec l’élève, admettent que le travail à distance les amène à se réinventer et à concevoir d’autres formes de suivi pédagogique.»
L'Ecole Normale de Musique © DR
Des pistes pour l’avenir ? « Nous sommes en train de mettre au point une plateforme commune à l’Ecole. L’usage que nous faisons aujourd’hui de l’enseignement à distance, nous oblige à accélérer la réflexion sur des choses que l’on pourrait présenter en complément de l’enseignement en présentiel. Il n’est en aucun cas question de se substituer à lui, insiste la directrice, mais de proposer des compléments (diffusion d’information en amont des cours, etc.). Il nous faut aussi envisager l’éventualité d’une rentrée qui peut être perturbée par des élèves qui seraient empêchés, à cause des transports internationaux, d’être présents, et de les rassurer sur la possibilité de commencer l’année à distance. »
Quant aux examens qui auraient dû avoir lieu en ce printemps, le principe du contrôle continu prévaut à l’ENM comme dans les CNSMD, « à l’exception toutefois du diplôme de concertiste et du Prix Cortot qui se dérouleront a priori en décembre, selon les modalités habituelles, si la situation est revenue à la normale d’ici là, précise F. Noël-Marquis. ».
Alain Cochard
(Entretien avec Françoise Noël-Marquis réalisé le 29 mai 2020)
Ecole Normale de Musique-Alfred Cortot : awww.ecolenormalecortot.com/
© DR
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