Journal
Célia Oneto Bensaid joue Glass, Ravel et Pépin (#NoMadMusic)/ Le Disque de la Semaine – Envoûtant continuum – Compte-rendu
C’est durant l’étrange et confiné printemps de l’an dernier qu’elle a imaginé et mûri un programme réunissant Metamorphosis de Philipp Glass et les non moins fameux Miroirs de Maurice Ravel. Des partitions archi-connues certes, mais le coup de maître est d’avoir su en renouveler la perception en mêlant intimement les deux cahiers (en cinq numéros l’un comme l’autre) et, surtout, en s’affranchissant de l’ordre des pièces dans chacun d’eux. Au commencement, Metamorphosis One s’enchaîne, sans l’ombre d’un hiatus, au dernier des Miroirs, La vallée des cloches : on éprouve une sensation de plongée dans un envoûtant continuum musical ; il vous saisit, irrésistiblement ...
Célia Oneto Bensaid a aussi embarqué dans son voyage une prenante partition de Camille Pépin : Number I, pièce d’une huitaine de minutes, inspirée d’une toile de Jackson Pollock. Elle connaît particulièrement bien l’univers de la compositrice et sait magnifier un sens du timbre, un art de l’orchestration pianistique (pour reprendre la formule d’Aguettant) qui, sans aucun passéisme, tendent la main à Debussy. On trouve de vigoureux coups de pinceau et de brosse dans Number I, mais aussi des effets de résonance, pareils à des cloches lointaines, dont le mystère et la force hypnotique prolongent idéalement celles de Ravel.
Noctuelles, Oiseaux tristes, Metamorphosis Four, Une barque sur l’océan, Metamorphosis Two, Metamorphosis Three, Alborada del gracioso, Metamorphosis Five : on aurait envie de s’attarder sur chaque maillon de la suite du programme, sur l’évidence des enchaînements (magique entre Glass et Une barque !), sur l’art de la couleur et de la pédalisation à l’œuvre ici (servi par une excellente prise de son)... Peine perdue. II faut ressentir, éprouver, l’originalité et la cohérence absolue de cet enregistrement, d'autant plus convaincant que le projet de Célia Oneto Bensaid ne la conduit à aucune concession envers le caractère de chaque pièce – le mordant, la virtuosité impeccablement dominée, la sombre expression de la partie centrale d’Alborada en offrent un probant exemple. Admirable !
Alain Cochard
27/04/2021
« Metamorphosis » (œuvres de Glass, Pépin & Ravel)
Célia Oneto Bensaid, piano
#NoMadMusic NMM092 (dist. PIAS)
www.celiaonetobensaid.com
Photo © Capucine de Chocqueuse
Derniers articles
-
26 Novembre 2024Récital autour de Harriet Backer à l’Auditorium du musée d’Orsay – Solveig, forcément – Compte-renduLaurent BURY
-
26 Novembre 2024Alain COCHARD
-
26 Novembre 2024Alain COCHARD