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Rigoletto au Festival « Secrets de famille » de l’Opéra de Lyon – Hugo déteste Rigoletto – Compte-rendu
Rigoletto au Festival « Secrets de famille » de l’Opéra de Lyon – Hugo déteste Rigoletto – Compte-rendu
Il se nomme Hugo et le public découvre ses aventures sordides, filmées, durant le prélude. Son visage en gros plan, un revolver sous le menton, se prépare au suicide. Durant cette profuse production d’Axel Ranisch, on ne saura jamais où porter le regard. Sur la vidéo trash narrant les malheurs du pauvre Hugo, mélancolique et mélomane ? Ou sur le décor qui nous projette dans une banlieue délaissée qui pourrait être napolitaine tant les protagonistes semblent sortir de Gomorra.
© Stofleth
Des barres d’immeubles abritent les mafieux, leurs salles de jeux, leur clientèle de travestis fétichistes et de prostituées défraîchies. Le duc n’est rien d’autre qu’un chef de gang tiré à quatre épingles, ce qui sied au glamour inné du ténor sicilien Enea Scala. Gilda et sa copine fument des joints, Rigoletto est un SDF dont on peine à identifier la fonction tant ses errances, entre vidéos et réalité, contredisent celles de Hugo (son double, sa conscience ?). Celui-ci se suicidera en scène, derrière un canapé ; Gilda également, mais devant le même meuble … Le tout après maintes péripéties où l’on assistera à une fausse couche et à un plan à quatre chez un disquaire, entre autres incongruités.
Cette conflagration des narrations, qui aurait pu être une savante mise en abyme, débouche sur une interminable confusion. Axel Ranisch s’inscrit dans cette théorie de créateurs qui réclame au spectateur une lecture préalable des notes s’intention pour décrypter le spectacle à venir. S’il déteste à ce point l’opéra, ce divertissement bourgeois, on lui conseillerait plutôt d’aller cuire des gaufres.
Des barres d’immeubles abritent les mafieux, leurs salles de jeux, leur clientèle de travestis fétichistes et de prostituées défraîchies. Le duc n’est rien d’autre qu’un chef de gang tiré à quatre épingles, ce qui sied au glamour inné du ténor sicilien Enea Scala. Gilda et sa copine fument des joints, Rigoletto est un SDF dont on peine à identifier la fonction tant ses errances, entre vidéos et réalité, contredisent celles de Hugo (son double, sa conscience ?). Celui-ci se suicidera en scène, derrière un canapé ; Gilda également, mais devant le même meuble … Le tout après maintes péripéties où l’on assistera à une fausse couche et à un plan à quatre chez un disquaire, entre autres incongruités.
Cette conflagration des narrations, qui aurait pu être une savante mise en abyme, débouche sur une interminable confusion. Axel Ranisch s’inscrit dans cette théorie de créateurs qui réclame au spectateur une lecture préalable des notes s’intention pour décrypter le spectacle à venir. S’il déteste à ce point l’opéra, ce divertissement bourgeois, on lui conseillerait plutôt d’aller cuire des gaufres.
© Stofleth
Côté chant, Enea Scala et la Gilda de Nina Mimansyan sont certes ténor et soprano d’agilité, mais le premier a un timbre nasillard, à l’ambitus étroit, plus propre à Rossini qu’à Verdi, quand la seconde peine à tenir sa ligne de chant jusqu’au Caro Nome. Après cette épreuve de force, surmontée in extremis, la soprano arménienne offre un dernier acte tout de même plus apaisé. Le bouffon de Dalibor Jenis est celui d’un vétéran à qui les graves font défaut. Ce n’est guère le cas de l’impressionnant Sparafucile de Gianluca Buratto que l’on piaffe de réentendre tant sa basse est somptueuse. Il est la meilleure, et la seule, surprise vocale de la soirée. Le chœur de l’Opéra de Lyon, tenu en main par son jeune chef Benedict Keams, a du mordant. Quant à la direction de Daniele Rustioni, elle est dans un permanent état de grâce. Dans la fosse, Verdi sonne rauque et violent. Les couleurs de la phalange lyonnaise en grande forme s’accordent alors aux lumières, fuligineuses et splendides, conçues par Michael Bauer.
Côté chant, Enea Scala et la Gilda de Nina Mimansyan sont certes ténor et soprano d’agilité, mais le premier a un timbre nasillard, à l’ambitus étroit, plus propre à Rossini qu’à Verdi, quand la seconde peine à tenir sa ligne de chant jusqu’au Caro Nome. Après cette épreuve de force, surmontée in extremis, la soprano arménienne offre un dernier acte tout de même plus apaisé. Le bouffon de Dalibor Jenis est celui d’un vétéran à qui les graves font défaut. Ce n’est guère le cas de l’impressionnant Sparafucile de Gianluca Buratto que l’on piaffe de réentendre tant sa basse est somptueuse. Il est la meilleure, et la seule, surprise vocale de la soirée. Le chœur de l’Opéra de Lyon, tenu en main par son jeune chef Benedict Keams, a du mordant. Quant à la direction de Daniele Rustioni, elle est dans un permanent état de grâce. Dans la fosse, Verdi sonne rauque et violent. Les couleurs de la phalange lyonnaise en grande forme s’accordent alors aux lumières, fuligineuses et splendides, conçues par Michael Bauer.
Vincent Borel
Verdi : Rigoletto – Lyon, Opéra, 18 mars 2022 ; prochaines représentations les 20, 23, 26, 30 mars, 1, 3, 5, 7 avril 2022
www.opera-lyon.com/fr/saison-2122/opera/rigoletto
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