Placé sous la présidence d'honneur de la réalisatrice Coline Serreau, membre de l'Institut (Académie des Beaux-Arts, section des créations artistiques dans le cinéma et l'audiovisuel, élue en 2018 au fauteuil précédemment occupé par Pierre Schoendoerffer), et de Xavier Darcos, chancelier de l'Institut de France, tous deux musiciens et passionnés d'orgue, le Festival créé par l'association Le Paris des Orgues propose – du 8 mai au 25 juin – une édition 2022 destinée à mettre en lumière les multiples aspects d'un instrument pas comme les autres, tant par sa facture que par la diversité des lieux où il retentit. Son président, Jean-François Guipont, nous en révèle les grandes lignes.
 
 
Après les deux premières saisons programmées en 2011 et 2013, puis une troisième en 2019 (1) – première collaboration avec l'association Plein Jeu à Saint-Séverin, qui se poursuit cette année –, le Festival Paris des Orgues reprend ce printemps, après une interruption de deux ans due à la pandémie du Covid 19. Quelles sont les composantes de cette saison 2022 ?
 
Dans la lignée de la première édition, en 2019, nous sommes restés fidèles à l'idée d'une manifestation artistique d'ensemble en forme de festival sur une période de quelques semaines autour de l'orgue parisien, dans l'objectif d'élargir le public habituel du concert d'orgue. Paris possède un patrimoine organistique exceptionnel, tant par le nombre de ses instruments que par leur qualité et leur diversité, justifiant pleinement à nos yeux la tenue d'une nouvelle manifestation artistique forte de quatorze rendez-vous.
 
Dans cette nouvelle programmation, nous illustrerons à nouveau les trois caractéristiques de notre Festival, dont la première est d'associer largement l'orgue à d'autres instruments ou expressions artistiques. Nous comptons encore augmenter ce rapprochement de l'orgue avec d'autres arts dans une session ultérieure, par exemple avec la danse classique.
 

Eric Lebrun et Marie-Ange Leurent © Pascal Copeaux
 
Au cours de ce Festival, qui s'ouvrira le 8 mai – le Jour de l'Orgue (2) – avec Marie-Ange Leurent et Éric Lebrun à Notre-Dame-de-Lorette (Comme un orchestre !… orgue et transcriptions d'œuvres célèbres), nous continuerons de montrer au public la grande richesse patrimoniale du parc organistique parisien par le choix des lieux. Depuis les grandes églises : Saint-Eustache (où se tiendra le concert de clôture, le 25 juin : Quatuor de saxophones Ellipsos et Thomas Ospital), Saint-Étienne-du-Mont, La Madeleine (Olivier Périn et la mezzo-soprano Valérie Wuillème, Mélodies religieuses et airs du Second Empire à la Belle Époque, 20 mai), Saint-Séverin (Soir baroque – Orchestre à cordes de la Garde républicaine dirigé par François Boulanger, avec Lucile Dollat à l'orgue, 9 juin) jusqu'à l'église de quartier : Saint-Gabriel (Yanka Hekimova, 19 juin – de Haendel repensé par Jean Guillou au Tombeau de Couperin de Ravel transcrit par l'interprète) et les temples protestants : Oratoire du Louvre (David Cassan – De Bach au XXIe siècle, 27 mai), temple de Pentemont (Isabelle Sebah, 11 juin – ​Comment s'y prend l'organiste et comment ne s'y prend-il surtout pas ?, « concert illustratif » : « nous balaierons diverses façons de jouer de l’orgue, des plus "autorisées" aux plus iconoclastes »).
La troisième caractéristique du festival – actions de découverte de l'orgue pour les jeunes – sera illustrée cette année par la tenue de deux concerts orgue et chœur des enfants des écoles (CM1 et CM2) intitulés Des voix mêlées ! : églises Saint-Médard (19 mai) et Saint-Paul-Saint-Louis (23 juin).
J'ajoute que, pour la première fois, nous offrirons la possibilité au public d'approcher concrètement l'orgue dans une animation musicale au Forum des Halles, le samedi 18 juin (ou le 25, à confirmer).
Le Paris des Orgues se devait de rendre hommage à César Franck, dont on célèbre cette année le bicentenaire de la naissance : Marie-Ange Leurent et Éric Lebrun proposeront donc le 31 mai un récital Franck aux claviers du Cavaillé-Coll de Saint-Antoine-des-Quinze-Vingts, où Éric Lebrun a d'ailleurs gravé une magnifique intégrale des « Douze Pièces » de Franck (Naxos, 1997).
Enfin une conférence – L'Orgue de l'Antiquité à nos jours... une longue histoire – sera proposée le 16 juin à la Mairie du 5e arrondissement avec le facteur d'orgues Yves Fossaert.
 

Thierry Escaich © Louis Nespoulos
 
L'improvisation reste une spécificité de l'art de l'organiste. Est-elle présente dans votre programmation 2022 ?
 
Bien entendu, et elle occupera une place éminente dans presque tous les concerts, souvent en conclusion des programmes. Une soirée lui sera par ailleurs entièrement dédiée lors d'un ciné-concert à Saint-Étienne-du-Mont, le 2 juin. Thierry Escaich, titulaire des lieux (avec Vincent Warnier), improvisera sur un film muet de 1928 : The Wind (Le Vent, d'après le roman de Dorothy Scarborough) du réalisateur suédois Victor Stöjström (1879-1960 – Victor Seastrom aux États-Unis : il s'installe à Hollywood en 1924), chef-d'œuvre du cinéma muet américain avec Lillian Gish et Lars Hanson.

L'orgue de Saint-Eustache (détail) © Mirou
 
Le festival possède une composante "Jeunes Talents". Quelle forme prendra-t-elle cette année ?
 
Les classes d'orgue des conservatoires forment en effet de nombreux jeunes organistes. Nous avons voulu cette fois encore donner la « parole » à trois jeunes interprètes (de 17 à 20 ans), encore en formation au CNSM de Paris, lors du concert du 17 mai à Saint-Eustache : Alma Bettencourt, Mélodie Michel, Alexis Grizard – tous trois entendus lors du Concours de composition de Saint-Sulpice à l'automne dernier (3). Deux autres jeunes organistes professionnels animeront aussi l'après-midi musicale du samedi 18 ou 25 juin (de 14 à 18 heures) au Forum des Halles.