Trois décennies durant, Le Thoronet a été associé aux musiques anciennes, mais avec 2020 – annus horribilis pour la vie festivalière – une page s’est tournée, et 2021 a vu naître une nouvelle manifestation : L’Air du Temps. Comme le remarque Maxime Wagner, directeur de Prodig’Art, association marseillaise spécialisée tant dans l’accompagnement d’artistes que l’organisation de concerts ou de festivals, « les Rencontres Internationales du Thoronet étaient un peu dans une niche en matière de programmation, leur fréquentation déclinait d’année en année ; le public était en attente d’autre chose. Un festival est pour moi un projet de territoire. C’est ce que nous souhaitons faire avec L’Air du Temps ; un festival qui s’adresse à un public local avant tout, car s’il y a un peu de touristes dans le Var en juin, on reste loin des chiffres de juillet et août. La période que nous avons retenue (22-25 juin) adresse un signal au public local : c’est un festival pour vous ! »
 

Maxime Wagner © annatchopp

Accessible et éclectique
 
Après une première édition en 2021, encore très contrainte par le contexte sanitaire, qui se limitait à quatre concerts, la programmation 2022 reflète le projet que Maxime Wagner et toutes les forces locales qu’il a à ses côtés entendent mettre en œuvre : « pas un festival spécialisé sur tel ou tel domaine, mais une programmation sur quatre jours, très qualitative, accessible sur le plan tarifaire, et éclectique. »
L’éclectisme est résolument de mise puisque l’on entendra aussi bien le Duo Cinésonance (Vincent Beer-Demander (1) et Grégory Daltin) (photo) que Les Papiers d’Arménie ; le violoncelle de Marine Rodallec que Les Dames de La Joliette, la voix de Stéphanie Portelli accompagnée par la guitare de Fabrice Hadjaj que le luth de Gabriele Natilla, en prélude à une soirée de clôture confiée à l’ensemble Alla Francesca ; « une manière de signifier au public local comme aux amoureux de l’ancien festival que nous continuons cette esthétique, note M. Wagner ». Une manière aussi de mieux affirmer la variété d’une manifestation qui se sera ouverte quatre jours plus tôt en mode latino avec le groupe marseillais Cumbia Chicharra.
 

Alexandros Markeas © Yves Petit 

Une création d’Alexandros Markeas en 2023
 
Projet territorial, L’Air du Temps entend répondre aux besoins d’un pays, le Cœur du Var, qui recouvre onze communes. Celui-ci peut certes s’enorgueillir de posséder un joyau patrimonial, l’Abbaye cistercienne du Thoronet, mais n’en apparaît pas moins, constate M. Wagner, « très paupérisé sur le plan culturel (aucun théâtre, aucun équipement culturel). Il y a, poursuit-il, une vrai nécessité de travailler ce territoire avec des projets à dimension très locale dans lesquels les gens peuvent se retrouver. L’idée majeure de L’Air du Temps est de pouvoir générer une dynamique collective, artistique et participative : l’an prochain nous ouvrirons le festival par une création d’Alexandros Markeas inspirée des Pierres sauvages, magnifique roman de Fernand Pouillon qui conte la construction de l’Abbaye du Thoronet. À cette création nous allons associer des chœurs locaux qui vont travailler de janvier à juin à ce projet : il ouvrira l’édition 2023. » Belle illustration d’un ancrage territorial qui montera en puissance par la suite ; L’Air du Temps aspire en effet à « mettre en place à partir de 2024 une programmation annuelle, à raison d’un concert par mois dans chaque commune de la communauté de communes, afin que le festival ne soit que la partie visible d’une action menée sur le terrain pendant toute l’année. »
 
Alain Cochard
(Entretien avec Maxime Wagner réalisé le 9 juin 2022)