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The Mozartists et Chiara Skerath à la Seine Musicale – Le vieil homme et l’enfant – Compte-rendu
The Mozartists et Chiara Skerath à la Seine Musicale – Le vieil homme et l’enfant – Compte-rendu
Fondé en 2017, l’ensemble britannique The Mozartists (1) ne s’était encore jamais produit en France. C’est désormais chose faite, grâce au festival « Mozart Maximum », à Boulogne, qui a eu l’idée somme toute assez logique d’inviter une formation qui porte le nom même du compositeur à l’honneur. Avec leur chef et fondateur Ian Page (photo), The Mozartists ont déjà enregistré de plusieurs disques remarqués : intégrales d’opéras du petit Wolfgang ou de ses contemporains, un disque Mozart in London, et une série intitulée Sturm und Drang, dont le premier volume, sorti au printemps 2020, réunissait des symphonies et des airs signés Gluck, Haydn, Beck, Traetta et Jommelli, la partie vocale étant assurée par la soprano suisse Chiara Skerath. Ce sont les mêmes interprètes qui étaient réunis pour le concert du 28 juin à la Seine Musicale, pour le plus grand bonheur du public venu y assister.
Chiara Skerath, Ian Page & The Mozartists © The Mozartists
Axé sur des œuvres composées à Londres ou pour Londres, le programme rapproche deux compositeurs à des époques bien différentes de leur carrière. A trente ans d’intervalle, la confrontation réunit un Mozart âgé de 9 ans lors de son premier séjour dans la capitale britannique, en 1764-65 et un Haydn sexagénaire, invité dans les années 1790 par l’organisateur de concerts Johan Peter Salomon.
La Symphonie en fa majeur K. Anh. 22/19a de Mozart frappe par sa brièveté – moins d’un quart d’heure – avec surtout un Presto final qu’on n’a pas le temps de voir passer, par l’inventivité dont fait preuve le jeune prodige, même si la cellule mélodique charmante de l’Andante est peut-être répétée deux ou trois fois de trop. En 1778, Mozart a 22 ans, mais les cadences qu’il compose pour l’air « Cara la dolce fiamma » du Adriano in Siria de Johann Christian Bach, opéra créé à Londres en 1765 et qu’il vit peut-être lors de son séjour anglais, relèvent encore d’un style rococo cultivant de manière assez gratuite une virtuosité presque excessive. Chiara Skerath s’en acquitte admirablement, se jouant de toutes les difficultés de la partition.
Chiara Skerath © Vera Markus
Mais pour entendre l’actrice qu’elle peut être, il faut attendre le morceau suivant, la Scena di Berenice de Haydn, grand air de concert qui sollicite toutes les ressources expressives de l’artiste. Chiara Skerath s’y montre impressionnante de dramatisme et n’hésite pas à couronner l’une de ses dernières interventions d’un suraigu retentissant. La voix est assez corsée pour assumer les descentes dans le grave, sans avoir rien perdu de l’agilité nécessaire, et l’artiste se montre totalement convaincante dans ce « mini-opéra » comme l’appelle Ian Page dans le programme de salle.
Inscrite dans la série des Londoniennes, la Symphonie en mi bémol majeur n° 99 de Haydn, est donnée en conclusion, et l’on y savoure en particulier la verdeur des bois (Haydn y emploie pour la première fois les clarinettes). On saluera aussi la prestation des trompettes, ainsi que des cornistes, d’autant plus remarquable que les instruments anciens sont toujours capricieux. Ian Page déploie une énergie bondissante qui communique à ces œuvres tout le dynamisme souhaitable. Sous les applaudissements enthousiastes, les interprètes concèdent un bis inespéré. Chiara Skerath revient, le chef reste assis sur le côté de la scène et seuls six instrumentistes accompagnent la soprano (deux altistes, deux violoncellistes, la claveciniste et une contrebassiste) dans un air délicieux découvert par Ian Page à la British Library : « Quanto mai felici siete » de Felice Giardini, ami de Johann Christian Bach, sur des paroles empruntées à l’Ezio de Métastase, air donné ici en première française, The Mozartists en ayant déjà assuré la recréation au Wigmore Hall en septembre dernier. Espérons que Ian Page nous livrera prochainement bien d’autres trouvailles du même ordre, pas seulement au disque, mais aussi lors de nouvelles visites dans notre pays.
Laurent Bury
Mais pour entendre l’actrice qu’elle peut être, il faut attendre le morceau suivant, la Scena di Berenice de Haydn, grand air de concert qui sollicite toutes les ressources expressives de l’artiste. Chiara Skerath s’y montre impressionnante de dramatisme et n’hésite pas à couronner l’une de ses dernières interventions d’un suraigu retentissant. La voix est assez corsée pour assumer les descentes dans le grave, sans avoir rien perdu de l’agilité nécessaire, et l’artiste se montre totalement convaincante dans ce « mini-opéra » comme l’appelle Ian Page dans le programme de salle.
Inscrite dans la série des Londoniennes, la Symphonie en mi bémol majeur n° 99 de Haydn, est donnée en conclusion, et l’on y savoure en particulier la verdeur des bois (Haydn y emploie pour la première fois les clarinettes). On saluera aussi la prestation des trompettes, ainsi que des cornistes, d’autant plus remarquable que les instruments anciens sont toujours capricieux. Ian Page déploie une énergie bondissante qui communique à ces œuvres tout le dynamisme souhaitable. Sous les applaudissements enthousiastes, les interprètes concèdent un bis inespéré. Chiara Skerath revient, le chef reste assis sur le côté de la scène et seuls six instrumentistes accompagnent la soprano (deux altistes, deux violoncellistes, la claveciniste et une contrebassiste) dans un air délicieux découvert par Ian Page à la British Library : « Quanto mai felici siete » de Felice Giardini, ami de Johann Christian Bach, sur des paroles empruntées à l’Ezio de Métastase, air donné ici en première française, The Mozartists en ayant déjà assuré la recréation au Wigmore Hall en septembre dernier. Espérons que Ian Page nous livrera prochainement bien d’autres trouvailles du même ordre, pas seulement au disque, mais aussi lors de nouvelles visites dans notre pays.
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