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Le Consort inaugure l’Août musical de Deauville 2022 – L’art subtil du partage – Compte-rendu
Deauville : ses planches, ses hippodromes, ses palaces et son Août Musical ! La 21e édition de ce festival de musique de chambre pas comme les autres – le petit frère estival du Festival de Pâques – a débuté le 29 juillet, et comme c’est la tradition, c’est un concert placé sous le signe du baroque qui a marqué le début des festivités. Yves Petit de Voize, le directeur artistique, a choisi cette année d’inviter Le Consort, l’ensemble créé par le claviériste Justin Taylor et le violoniste Théotime Langlois de Swarte. Heureux choix, judicieux programme et bienheureux spectateurs qui ont assisté à une brillante joute musicale entre deux compositeurs et violonistes vénitiens. Le célébrissime Antonio Vivaldi (1678-1741) se trouvait confronté au peu connu – et contemporain du prêtre roux – Giovanni Battista Reali (1681-1751). Ce concert reprenait l’essentiel du disque du Consort, « Specchio Veneziano » (miroir vénitien), sorti en novembre 2021 chez Alpha et salué par la critique.
De g à dr. : Théotime Langlois de Swarte, Sophie de Bardonnèche, Justin Taylor et Hanna Salzenstein © Yannick Coupannec
A l’évidence, le plaisir d’interpréter cette musique souvent très virtuose est intact chez les jeunes artistes. Aucune impression de routine, aucune usure malgré, on s’en doute, des heures à travailler ces pièces exigeantes. Théotime Langlois de Swarte, Sophie de Bardonnèche (violons), Hanna Salzenstein (violoncelle) et Justin Taylor (clavecin) possèdent cet art rare et subtil d’associer le spectateur au plaisir qu’ils ont à jouer ensemble. Sans forcer le trait, avec sincérité. Ensemble est aussi le maître mot du concert. Choisir presque exclusivement un programme de sonates en trio c’est en effet mettre sur un pied d’égalité toutes les parties instrumentales. A la virtuosité des deux violons répondent celles du violoncelle et du clavecin. Personne n’est en reste. Et Vivaldi et Reali sont de ce point de vue deux artificiers de haut vol. Deux poètes également qui savent, dans les mouvements lents, suggérer la plainte ou la méditation. La tentation de chercher à départager les deux compositeurs ne s’imposent pas, sauf à l’écoute de la Follia qui a inspiré à l’un comme à l’autre une série de variations. A ce jeu, il me semble que Vivaldi démontre un art du contraste et une originalité d’inspiration que Reali possède lui aussi, mais à un moindre degré.
© Yannick Coupannec
Subjugué et conquis (on l’aurait été à moins), le public a ovationné les artistes avant de se prêter avec vaillance à un jeu musical fort original. A la demande de Théotime Langlois de Swarte, les spectateurs deauvillais ont chanté le thème de la Follia pendant que les artistes reprenaient en bis quelques folles variations. La soirée s’est terminée en éclats de rire, ceux des artistes, des anges musiciens jouant comme de charmants démons.
Le 21e Août musical se poursuit jusqu’au 10 août. Les concerts ont lieu à la Salle Élie de Brignac-Arqana et au théâtre du Casino Barrière. Trois tables rondes sont organisées dans le cloître des Franciscaines (1), le 31 juillet (musique et sport), 4 août (musique et gastronomie) et 7 août (musique et sacré). Elles sont diffusées en direct et à réécouter en différé sur B-concerts.fr (2)
Thierry Geffrotin
(1) On pourra aussi profiter du passage aux Franciscaines pour découvrir l’exposition Kees Van Dongen en cours (jusqu’au 25 sept.) : lesfranciscaines.fr/fr
(2) b-concerts.fr/
Deauville, Salle Elie de Brignac-Arqana, 29 juillet 2002/ 21e Août musical, jusqu’au 10 août : musiqueadeauville.com/aout2022
Photo © Yannick Coupannec
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