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Salon Mozart par Les Surprises à la Cité de la musique – Poudre d’or – Compte-rendu
Quand on fouille les fonds de tiroir, on y trouve souvent de la poussière. Mais quand il s’agit des tiroirs de Mozart… on découvre beaucoup de véritable poudre d’or, et même quelques pépites. En prévision de la sortie ce 21 octobre du disque Unexpected Mozart (Harmonia Mundi, dans la collection "Stradivari" réalisée en collaboration avec le Musée de la musique), l’ensemble Les Surprises offrait un concert composé de raretés mozartiennes, auxquelles s’ajoutaient quelques pages de contemporains.
Rares, ces œuvres, pourquoi ? D’abord parce qu’elles appartiennent à une catégorie musicale un peu étrange : la sonata da chiesa, par exemple, genre codifié par Corelli, qui perdit peu près tout caractère religieux en dehors du cadre dans lequel elle était interprétée. Mozart en composa dix-sept, pièces courtes et assez résolument profanes, mais où la basse continue est assurée notamment par un orgue, instrument d’église par excellence. Elles figurent toutes sur le coffret de deux disques à paraître, mais pour le concert, seules six d’entre elles ont été retenues, composées entre 1771 et 1780, la plus tardive permettant à l’orgue de se mettre en avant comme soliste. Sur la petite scène de l’amphithéâtre de la Cité de la musique, Les Surprises sont en formation restreinte : deux violons, un violoncelle et une contrebasse, et bien sûr leur chef, Louis-Noël Bestion de Camboulas qui tient brillamment la partie d’orgue : manquent donc ce soir les autres instruments parfois appelés à participer au dialogue, hautbois, trompettes et timbales.
Heureusement, ces compositions brillent surtout par leur caractère guilleret, et le programme est assez habilement composé pour éviter toute monotonie. Y sont en effet entrelacées des pages brèves, également de Mozart, comme ce « Fragment de prélude » K 624, ou l’Adagio pour harmonica de verre K 356 : cet instrument à la sonorité magique est hélas absent pour ce concert, et il revient à l’orgue de l’imiter de son mieux.
Marie Perbost (photo) en livre une très séduisante interprétation, se jouant des difficultés dont cette page est truffée. Marc Mauillon exécute d’abord « Die Zufriedenheit » K 349, air strophique un peu répétitif (accompagné par la mandoline, il prend peut-être un peu plus de relief) ; avec la Hamlet Fantasie de Carl Philipp Emmanuel Bach, on croit d’abord que l’on va entendre une véritable mise en musique du célèbre monologue du prince de Danemark, mais passé les tout premiers vers – « Sein oder Nichtsein, Das ist die große Frage... » – le texte s’éloigne beaucoup de Shakespeare et dégénère en vague rêverie romantique, et l’on ne s’étonne pas d’apprendre qu’il fut ajouté à la partition contre l’avis du compositeur. Le baryton termine avec « Dans un bois solitaire », l’autre mélodie en français de Mozart, dont il livre une interprétation très dramatique.
Côté chant, le seul air supplémentaire sur le disque est « Komm, liebe Zither » K 351, exquise sérénade accompagnée à la mandoline. Pour le versant instrumental, ce concert est une bonne mise en appétit qui donne envie d’entendre d’autres de ces raretés, dans tout l’éclat que peut leur conférer l’ensemble Les Surprises au complet, avec solistes invités, notamment pour le toujours magique harmonica de verre…
Laurent Bury
Cité de la musique (amphithéâtre), mercredi 6 octobre 2022
Photo © Pauline Darley
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