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Jonathan Fournel, Lio Kuokman et l’Orchestre national d’Île-de-France à la Philharmonie – Panache et poésie – Compte-rendu
Une fois de plus la nouvelle génération d’interprètes aura pu compter sur l’Orchestre national d’Île-de-France, qui a fait appel à Jonathan Fournel (Premier Prix du Concours Reine Elisabeth 2021) pour une tournée de quatre concerts dirigés par l’excellent Lio Kuokman – un chef originaire de Macao, 2e Prix Concours Svetlanov en 2014 (1er Prix non attribué).
Le 2d Concerto de Brahms avait porté chance au Français il y a deux ans à Bruxelles et, depuis lors, au disque (1) comme en récital, la Sonate n° 3 op. 5 est venue confirmer ses exceptionnelles affinités avec le compositeur allemand. Redoutable partition, le Concerto si bémol majeur trouve en Jonathan Fournel un interprète pleinement à la hauteur de l’enjeu, en possession de moyens techniques exceptionnels toujours soumis aux exigences de l’architecture musicale. Il s’empare du premier mouvement avec une autorité admirable. Allegro non troppo : ardent, le propos montre aussi une pleine compréhension de la nature symphonique de l’inspiration – on est bien loin dans cette partition de la virtuosité et de l’affrontement soliste/orchestre chers à un certain romantisme. Pleine, intense, jamais lourde ni tapée, la sonorité de Fournel fait autant merveille dans le deuxième mouvement, appassionato à souhait.
Panache et poésie distinguent une interprétation au cours de laquelle, au clavier comme à la baguette, le sens du dialogue domine. Le violoncelle de Raphaël Unger, co-soliste de l’Ondif, fait merveille dans le mouvement lent, chaleureux et exempt des alanguissements faciles qu’on y trouve parfois, avant un finale où le pianiste mêle légèreté, fluidité et luminosité, porté par une phalange aux cordes admirables d’homogénéité et de tonique sveltesse.
Le public d’une Philharmonie pleine à craquer ne cache pas son enthousiasme et se voit gratifié du Ich ruf' zu dir, Herr Jesu Christ de Bach/Busoni. Jusqu’au bis, la nature profonde de Jonathan Fournel s’exprime : musique d’abord.
Seconde partie de soirée sous le signe de la valse, avec d’abord la Suites de valses du Chevalier à la rose (celle réalisée par Artur Rodzinski) dans laquelle Kuokman joue à plein la carte de l’opulence sonore (bien aidé par un orchestre en resplendissante forme). Après la riche pâtisserie viennoise, place au chef-d’œuvre : La Valse de Ravel. Dès l’attaque (un vrai pp aux contrebasses !) le chef manifeste un contrôle parfait de la progression dramatique d’une pièce qu’il conduit à sa tragique conclusion de manière racée, implacable, et diablement efficace !
Alain Cochard
(1) 1 CD Alpha 851 (la Sonate n° 3 est ici couplée avec les Variations Haendel op. 24, tout aussi abouties)
Paris, Philharmonie, Grande Salle, 19 avril 2013
Photo © Ondif
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