Le théâtre des Champs-Elysées rend hommage à Gabriel Fauré tandis que l’on commémore le centenaire de sa disparition le 4 novembre 1924. Rien de plus normal envers un musicien qui fut étroitement associé à l’ouverture de la salle de l’avenue Montaigne puisque, le 2 avril 1913, il se partagea (1) avec Saint-Saëns, D’Indy, Debussy, Dukas et Ingelbrecht la direction du gala d’inauguration.

Un concert du Centenaire avec vingt-quatre heures d’avance sur la date anniversaire ? La chose se justifie pleinement : il fallait tout l’espace d’une fin d’après-midi dominical pour présenter dans les meilleures conditions le bel événement que Michel Mollard a inscrit dans la série qu’il organise au TCE.
Pour ce faire, il a réuni des artistes de diverses générations, tous connus pour leurs affinités avec l’univers fauréen, et la musique française plus largement. S’agissant des aînés Jean-Philippe Collard et Jean-Claude Pennetier sont au rendez-vous pour la partie pianistique tandis que, côté vocal, on pourra compter sur la présence du chef de chœur Bernard Têtu.
La musique de chambre bénéficiera quant à elle de la participation de deux admirables formations de la jeune génération dont on vous a plus d’une fois dit les qualités dans nos colonnes : le Quatuor Tchalik (photo), associé à Dania Tchalik, et l’Ensemble I Giardini.
 

Jean-Philippe Collard © jeanphilippecollard.com
 
En trois volets d’une heure, l’anniversaire Fauré commence à 17 heures le 3 novembre et, plutôt que d’adopter une simpliste répartition piano / musique de chambre / musique vocale, il opte pour un harmonieux mélange des genres à chaque étape : Ballade op. 19, 2e Impromptu, 3e Barcarolle, 2e Quatuor avec piano op. 45 d’abord, puis Préludes op. 103 (dont ce sera la première exécution au TCE !) et 1er Quintette avec piano op. 89, avant de terminer par le Cantique de Jean Racine op.11 ; le Quatuor à cordes op. 121 et le fameux Requiem op. 48 dans sa version de chambre. Une interprétation que Bernard Têtu a préparée avec le Centre de la Voix Rhône-Alpes et pour laquelle, outre Camille Chopin (sopr.) et Pierre-Yves Cras (baryt.), il aura à ses côtés Chloé Ducray (harpe), Camille Levrequier (cor) et Laurène Durantel (contrebasse).

Un magnifique voyage musical se profile, qui permettra de toucher au plus près de la sensiblité d'un créateur auquel Paul Dukas rendit hommage en ces termes en décembre 1924 : "Ceux qui ont eu le bonheur de vivre dans l’intimité de Gabriel Fauré savent combien fidèlement son art reflétait son être. Au point que sa musique leur semblait parfois l’harmonieuse transfiguration du charme exquis de sa personne. D’autres s’efforcent et se travaillent pour s’élever au-dessus d’eux-mêmes ou, s’ils collaborent avec quelque poète, pour le surpasser. Fauré ramène sans contrainte à son harmonie intérieure, avec une grâce unique, toute impression du dehors. Poèmes, paysages, sensations jaillies de l’éclair du moment ou du flot fuyant des souvenirs de quelque source qu’elle se répande, sa musique avant tout le traduit lui-même selon les modes divers de la plus admirable sensibilité." (2) 

Alain Cochard
 

 
(1) Gabriel Fauré dirigea sa Naissance de Vénus au cours de cette soirée qui, si l'on veut être absolument précis, constituait le troisième gala d'une inauguration lancée le 31 mars.

(2) La Revue Musicale, 1er Décembre 1924 : www.concertclassic.com/article/les-archives-du-siecle-romantique-81-paul-dukas-adieu-gabriel-faure-la-revue-musicale-1er
 
Centenaire Fauré
3 novembre 2024 – 17h (fin vers 20h30)
Paris – Théâtre des Champs-Elysées
www.concertclassic.com/concert/centenaire-gabriel-faure
 
Photo © Steve Murez