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La Reina Mora et Alma de Dios au Teatro de la Zarzuela de Madrid - ¡ Viva la Zarzuela !
La Zarzuela ? Quésaco ? Il faut bien avouer que, de ce côté-ci des Pyrénées, le genre lyrique espagnol par excellence a tout d’une belle inconnue. A peine sait-on qui est Amadeo Vives (1871-1932) et seuls les plus curieux d’entre nous peuvent-ils siffloter quelques airs de Bohemios ou de Doña Francisquita. Hors voici qu’un livre aussi pratique que ludique, signé Pierre-René Serna, fait brillamment le tour de la question.
Ce « Guide de la Zarzuela », joliment édité par Bleu nuit(1), se présente comme un abécédaire inversé, de Z à A, Zarzuela oblige, où l’on croise des biographies des compositeurs majeurs du genre, des oeuvres, détaillées, expliquées par le livret et par la musique, toujours assortis d’indications discographiques finement commentées, et des articles thématiques (comme ce passionnant « Les Italiens de la Zarzuela »). En annexe, une discographie générale prestement notée et très pratique – les disques microsillons sont souvent introuvables, les CD eux facilement accessibles et en général très peu onéreux via Amazon Espagne – achève de donner à l’ouvrage son côté usuel. C’est formidable à lire, enlevé, d’une belle plume mordante, on sent l’homme passionné qui veut faire découvrir tout un univers. Et du coup, le livre refermé, on a vraiment envie d’entendre ces œuvres.
Oui, mais voilà, si le disque ne vous suffit pas, il vous faudra faire le voyage à Madrid et pousser les portes du Teatro de la Zarzuela qui cette saison présente quelques productions de premier ordre – en septembre un doublé Falla couplant El amor brujo et La vida breve avait fait couler beaucoup d’encre. C’est un autre doublé qui occupera la scène durant les mois de janvier et de février, hommage à un des maîtres du genre, José Serrano (1873-1941), dont l’orchestre s’inspire souvent de celui de Puccini. Plutôt que de reprendre son ouvrage phare, La Dolorosa, le théâtre madrilène propose une soirée en deux parties illustrant bien la diversité propre au genre de la Zarzuela. En lever de rideau La Reina Mora (1903), une saynète en trois tableaux proche des ouvrages de « genero chico », pièce volontiers brève et convoquant peu de moyens, sinon que Serrano justement excède les limites du genre dont il se réclame notamment par le faste du spectacle, la somptuosité de l’orchestre et surtout l’invention orientalisante d’une musique décidément particulièrement inspirée. Après l’entracte Alma de Dios (1907), sous-titrée « Comedia lirica », reprend elle aussi les dimension d’une saynète, mais la plume de l’auteur y est à la fois plus acérée, plus vive, et la dimension de comédie se teinte d’une touche d’ironie.
Deux partitions admirables que la régie toujours habile de Jesus Castejon et la baguette alerte de José Maria Moreno (photo) devraient encore magnifier, emportant toute la troupe d’un théâtre où les belles voix ont toujours abondé.
Jean-Charles Hoffelé
(1)Pierre-René Serna : « Guide de la Zarzuela » (Bleu nuit éditeur, 333 p.)
José Serrano : La Reina Mora / Alma de Dios
du 18 janvier au 10 février 2013
Madrid - Teatro de la Zarzuela
w ww.teatrodelazarzuela.mcu.es
br> On remarquera également, le 14 janvier, un séduisant programme « De Madrid a La Alhambra » (Usandizaga, Gomez, Debussy, Falla, Chapi, Marqués) , proposé par la Joven Orquesta Nacional de España (dir. José Luis Temes)
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Photo : DR
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