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Le Nain et L’enfant et les sortilèges au Palais Garnier - Cruautés

Alexandre Zemlinsky (1871-1942) qualifiait Le Nain (1922) de « tragédie de la cruauté ». Et n’est ce pas la cruauté - la sienne propre et celle du monde – à laquelle se trouve confronté l’enfant du conte sonore de Maurice Ravel, sauvé in extremis par son étreignant « maman » ?

Ne cherchons pas midi à quatorze heures, si Richard Jones et Antony McDonald ont choisi de confronter ces deux ouvrages, que leur relative brièveté permet de réunir en une seule soirée, c’est d’abord grâce à leur statut d’absolus chefs-d’œuvre. Si le cas est entendu depuis longtemps pour la «fantaisie lyrique» de Colette et Ravel, où l’Opéra de Paris affiche une distribution aussi brillante que prometteuse (on entend déjà l’adamantine princesse d’Amel Brahim-Djelloul…), le conte tragique de Zemlinsky, fidèle transcription de l’ouvrage d’Oscar Wilde, n’a conquis le public français que depuis peu : l’Opéra de Lyon en avait proposé une saisissante lecture la saison passée.

Le retour du spectacle parfait de Jones et McDonald (1) est certainement l’un des événements de ce début d’année, renforcé par une distribution idéale, du moins sur le papier : la Donna Clara de Nicola Beller Carbone, la Ghita de Béatrice Uria-Monzon, Vincent Le Texier en Don Esteban, Charles Workman, bien trop grand de stature et trop beau gosse pour le rôle-titre, mais l’acteur est fabuleux et composera un personnage dont on est déjà curieux ; cette équipe impeccable devrait donner toutes ses chances à l’ouvrage lyrique phare d’un compositeur qu’on n’en finit pas de découvrir. Gageons que Paul Daniel saura brider la fosse si sonore de Garnier, mise en danger par une partie orchestrale aussi spectaculaire qu’inspirée.

Jean-Charles Hoffelé

(1) Cette production a été vue pour la première fois en novembre 1998 et reprise en 2001, dans les deux cas sous la baguette d’un fervent avocat de Zemlinsky : James Conlon.

Zemlinsky : Le Nain
Ravel : L’enfant et les sortilèges
Du 23 janvier au 13 février 2013
Paris, Opéra Garnier

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Photo : Opéra national de Paris/ E. Mahoudeau
 

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