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Gil Shaham et l’Orchestre de Paris - Miroitements sonores - Compte-rendu
Avec la Symphonie n°1 de Dutilleux, le Second Concerto pour violon de Bartók et la Symphonie n°1 de Beethoven, l’Orchestre de Paris et Paavo Järvi offrent un regard panoramique sur l’évolution du langage symphonique dans tous ses éclats avec l’expression d’une flamboyance et d’une magie sonore au-delà même des siècles qui séparent ces œuvres.
Moins jouée que d’autres partitions de Dutilleux, la Symphonie n°1 possède déjà tous les ingrédients d’un langage qui sait établir des passerelles entre les différents courants. On y retrouve l’influence de Debussy, Dukas, Roussel (Scherzo molto vivace)… mais aussi un classicisme d’avant-garde où l’expression de la beauté sonore l’emporte sur les expérimentations en cours. Une tradition que l’Orchestre de Paris possède à plus d’un titre, sachant exprimer toute la quintessence des timbres, de l’harmonie des sphères, sous la baguette précise et sobre de son directeur musical.
Dans le Concerto pour violon n°2 de Bartók, Gil Shaham, archet souple, justesse miraculeuse, sonorité de diamant, plasticité lumineuse, entraîne tout sur son passage, accompagnant même de la tête les interventions de chaque musicien. Son interprétation très rhapsodique témoigne d’une grande liberté expressive et d’une ferveur quasi romantique. Cette exécution accomplie laisse un peu de côté la rugosité, l’âpreté de la musique du Hongrois au profit d’une conception plus épanouie et moins agressive. Les deux bis extraits de la Partita n°3 de J.-S. Bach, d’une pureté de ton et d’une intonation remarquable, répondent avec bonheur à l’enthousiasme du public.
La présence de la Symphonie n°1 de Beethoven à la fin de ce concert dense, pourrait paraître anachronique. Paavo Järvi sait admirablement utiliser les capacités de ses musiciens (des bois de rêve) dans une interprétation vivace et jubilatoire qui ne se perd jamais en conjectures. La progression irrésistible du discours donne parfois le sentiment d’une exploration accélérée (l’Andante cantabile con moto et le Menuetto sont pris à un tempo très rapide). Pourtant, la maîtrise formelle (proche des dernières symphonies de Haydn) comme la perfection instrumentale emportent finalement l’adhésion.
Michel Le Naour
Paris, Salle Pleyel, 20 mars 2013
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Photo : Rose Palmisano
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