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Madame Butterfly au Grand Théâtre de Genève - Emouvant classicisme - Compte-rendu

Proche des estampes de Hiroshige, les décors conçus par Christopher Oram pour cette Madame Butterfly correspondent tout à fait à ce que l’on attend d’une œuvre dont le livret souligne à l’envi la dimension japonisante : celle de l’histoire de Cio Cio San, victime des codes sociaux de son pays qui, trahie par Pinkerton, finit par se faire seppuku.

La mise en scène de l’Anglais Michael Grandage, créée à l’Opéra de Houston en 2010 et réalisée à Genève par Louisa Muller, oppose un monde de traditions rythmé par le mouvement des portes coulissantes qui s’ouvrent ou se ferment sur l’extérieur. La confrontation entre monde occidental et Pays du Soleil levant génère un huis clos étouffant où seules les superbes lumières tamisées et les ombres chinoises de Neil Austin font diversion. Interprète sensible de Cio-Cio-San, Karine Babajanyan, en dépit de légers problèmes vocaux au I, trouve réellement ses marques au deuxième acte et atteint dans la scène finale une véritable dimension tragique.

Face à elle, le Pinkerton d’Arnold Rutkowski témoigne d’une sûreté sans éclat, réussissant toutefois à incarner le personnage cynique et veule du lieutenant de marine américain. A leurs côtés, belles prestations vocales de Cornelia Oncioiu en Suzuki, servante dévouée et compatissante, et de Jeremy Carpenter en Sharpless, sûr de lui, qui peine ensuite à maîtriser ses sentiments quand il apprend la naissance de l’enfant (duo de l’acte II). Tous les autres personnages apportent une authenticité au drame : le Prince Yamadori de Marc Scoffoni, Kate Pinkerton d’Elisa Cenni ou Goro d’Hubert Francis, sans oublier la présence muette de l’Enfant, très suggestive par les gestes de réconfort à l’égard de sa mère.

Direction efficace d’Alexander Joël qui, à la tête de l’Orchestre de la Suisse Romande, sait dégager toute la subtilité et le raffinement d’une musique aux effluves debussystes. Belles interventions du Chœur du Grand Théâtre de Genève. En bref, une production qui, sans rien révolutionner, porte regard aussi classique qu’émouvant sur l’ouvrage de Puccini.

Michel Le Naour

Puccini : Madame Butterfly - Genève, Grand théâtre, 23 avril 2013, prochaines représentations les 29 avril, 2 mai et 5 mai 2013 / www.geneveopera.ch

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Photo : DR
 

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