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La Vierge de Massenet à Notre-Dame - Engagement collectif pour une redécouverte - Compte-rendu
Et après ça on nous racontera que le public manque de curiosité… Beaucoup de mélomanes font encore la queue quelques minutes avant l’heure du concert sur le parvis de Notre-Dame baigné par le soleil couchant. Une cathédrale comble s’apprête à découvrir une rareté : La Vierge, légende sacrée en quatre scènes de Massenet. Inscrite dans la riche 20ème saison de Musique sacrée à Notre-Dame, la soirée offre la possibilité d’entendre dans son intégralité une composition dont on ne connaît en général que quelques extraits. Et ce dans le lieu pour lequel elle fut initialement conçue, avant d’être finalement créée au Palais Garnier, le 22 mai 1880.
Compositeur lyrique de 38 ans, à l’orée de sa brillante carrière, Massenet donne l’impression de s’aventurer avec une certaine prudence en territoire sacré ; la première scène («L’Annonciation »), palichonne, manque de consistance. On aurait toutefois bien tort d’en rester là car le tempérament de l’homme de théâtre s’affirme au cours des trois volets suivants (Les Noces de Cana, L’Annonciation, L’Assomption), d’un tout autre relief et avec des accents irrésistiblement masseniens.
La réussite tient au remarquable engagement collectif des forces en présence. Sous la baguette pleine de conviction et de style de Patrick Fournillier – un fin connaisseur de Massenet -, les jeunes de l’Orchestre du Conservatoire de Paris donnent le meilleur d’eux-mêmes. Nullement en reste sur ce point, la Maîtrise de Notre-Dame de Paris, le Chœur de l’Armée française et le Chœur d’enfants Sotto Voce conjuguent leurs énergies, montrant une remarquable préparation à une œuvre qui fait la part belle à la masse chorale. Dans le rôle de La Vierge, Norah Ansellem (photo) allie émotion et sobriété. Nulle concession au saint-sulpicien de la part de la soprano, ni celle des élèves du département des disciplines vocales du Conservatoire auxquels les rôles secondaires ont été confiés (Laura Holm, Charlotte Despaux, Caroline Michaud, Benjamin Woh, Samuel Hasselhorn). Enthousiasmante expérience à n’est pas douter pour tous ces jeunes artistes qu’un concert (fruit d’une coproduction entre Musique Sacrée à Notre-Dame et le CNSMDP) qui aura permis aux uns de s’aguerrir au contact du public et à ce dernier de satisfaire sa curiosité. C’est ce qui s’appelle joindre l’utile à l’agréable !
Alain Cochard
Paris, Notre-Dame, 24 avril 2013
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Photo : Julio Gamboa
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