Paradoxe en ces temps surmédiatisés : de stimulantes adresses musicales restent encore à découvrir dans la capitale. Ainsi de la Cave du 38Riv' (traduisez : 38, rue de Rivoli) animée par Vincent Charbonnier et où dans un suggestif décor XIIème siècle, jazz et musiques Renaissance et baroques cohabitent en toute convivialité.

Dans ce dernier répertoire, un cycle de concerts dominicaux à 17 heures existe déjà, cycle joliment baptisé «thés baroques»; avec, ce dernier dimanche, un jeune trio qui associait la mezzo-soprano Anaïs Bertrand (photo) au théorbe de Thibaut Roussel et à la viole de gambe de Robin Gabriel Faro.

Au fil d'un programme saluant à la fois la fin de l'âge d'or insulaire (Tobias Hume et Henry Purcell) et les gloires versaillaises (Marin Marais, Robert de Visée et Antoine Forqueray), trois musiciens plus que prometteurs y étaient à l'œuvre, la voix d'Anaïs Bertrand se révélant singulièrement à l'aise dans les grâces poétiques de l'Orphée britannique (envoûtante Music for a while, en particulier), tout comme elle peut l'être d'ailleurs dans le divin Monteverdi (elle a enregistré l'un des sublimes Salve Regina de la Selva morale e Spirituale de 1640, avec l'ensemble Lunaris).

Précisément, c'est le don du style et du son baroque qui font le prix du chant de la jeune soliste, étayé par la virtuosité toujours en éveil du théorbe de Thibaut Roussel et de la gambe à 7 cordes de Robin Gabriel Faro, familier des défis expressifs. Certes, il y a encore ici et là comme une dimension mélodique à affiner et des aspérités à aplanir (dans les traits d'archet), mais jusque dans la drôlerie sans apprêts de Gabriel Bataille chantant les moyens de vaincre une migraine au temps de Louis XIII, l'essentiel est dit et bien dit. Talents à suivre attentivement.

Roger Tellart

Paris, Cave du 38Riv', 28 avril 2013

Site de la Cave du 38Riv’ : www.38riv.com

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Photo : DR