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17ème Festival de Pâques de Deauville - Bonheur collectif - Compte-rendu
Magnifique école que le Festival de Pâques de Deauville. Les imprévus font partie de la vie d’un musicien et les jeunes instrumentistes présents à Deauville ont eu l’occasion de démontrer avec un grand professionnalisme leur aptitude à y faire face. L’annulation de la participation de Jérôme Pernoo et d’Antoine Tamestit a ainsi conduit le violoncelliste Bruno Philippe (un brillant disciple de J. Pernoo) et les altistes Adrien Boisseau et Adrien La Marca à mettre les bouchées doubles afin que le programme prévu puisse être donné à l’identique.
Adrien Boisseau et Bruno Philippe font d’abord alliance dans le Duo pour alto et violoncelle « pour deux lunettes obligées » WoO 32, sympathique péché de jeunesse de Beethoven. Les deux jeunes archets y rivalisent de fraîcheur et d’insouciante humeur. Changement d’atmosphère avec le Quatuor n°2 pour piano op 45 de Fauré où l’un des membres fondateurs du Festival de Pâques, Jérôme Ducros, est le partenaire d’Amaury Coeytaux (violon), Adrien Boisseau et Bruno Philippe. Adeptes d’un Fauré timoré, de vieille fille, passez votre chemin ! Dès l’attaque de l’Allegro initial on est saisi par la vitalité, le feu contenu (molto moderato demande l’auteur) d’une musique prise à bras le corps. L’impression se confirme avec un Scherzo porté par l’éblouissante pugnacité rythmique du piano de Jérôme Ducros. Lyrique et secret, l’Adagio conduit un finale incroyablement tempétueux, brûlant et viril. Si seulement Fauré était tous les jours servi de cette manière, avec un tel engagement, un tel bonheur collectif…
Nouveau visage du Festival de Pâques, le clarinettiste Amaury Duvivier (né en 1990) rejoint ensuite Adrien Boisseau et Jérôme Ducros dans le Trio « des Quilles » de Mozart. Sonorités fruitées, justesse stylistique ; Duvivier et ses deux compères signent une interprétation irrésistible de tendresse, de simplicité et d’attention réciproque.
Conclusion espagnole à la soirée, deux extraits d’Escena andaluza op 7 (Crepusculo, A la ventana) de Turina, pour alto, quatuor à cordes et piano, rassemblent Adrien La Marca, Amaury Coeytaux, Guillaume Chilemme(violon), Adrien Boisseau, Bruno Philippe et Guillaume Bellom (piano). A l’instar d’Albeniz et Falla, Turina s’est beaucoup enrichi au contact de la musique française au tout début du siècle dernier. L’approche des six jeunes instrumentistes met résolument l’accent sur cette dimension. La musique y perd certes de son âpreté, mais l’option est défendue avec cohérence et une belle chaleur expressive.
Le Festival de Pâques bat son plein jusqu’au 11 mai. Si vous passez sur la côte normande, ne manquez pas de prêter l’oreille à une toujours aussi riche et prometteuse pépinière de talents musicaux ! L’avenir se prépare ici.
Alain Cochard
Deauville, Salle Elie de Brignac, 4 mai 2013
Festival de Pâques de Deauville / www.musiqueadeauville.com
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Photo : Claude Doaré
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