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Marc Coppey et Le Concert Idéal au Festival de Beauvais - Elégance aristocratique - Compte-rendu
Encore émue par la récente disparition d’Henri Dutilleux – président d’honneur du Festival de Beauvais – auquel elle a rendu hommage la veille, Emmanuelle Bertrand rejoint ses amis au sein de l’ensemble Le Concert Idéal pour un programme éclectique qui s’ouvre sur le Concerto pour violoncelle en do majeur, Hob VIIb n°1 de Haydn. Marc Coppey y fait entendre un archet à la fois ferme et élégant. L’Adagio central sonne comme une délicate cantilène tandis que le finale, Allegro molto dégage une belle énergie, malgré le relatif manque de tonus des violons.
Transcrite pour violoncelle et orchestre à cordes par Daniel Tosi, la Rhapsodie hongroise op.68 de David Popper alterne lyrisme introspectif et vigueur de la danse, jusqu’à un feu d’artifice de virtuosité. D’une précision jamais prise en défaut, Marc Coppey déploie toute une palette d’atmosphères, jusqu’aux accents populaires, sans se départir d’une aristocratie naturelle, ni sombrer dans le clinquant auquel pourrait inciter la partition. Cette noblesse se retrouve dans le bis, la Sarabande de la 2ème Suite de Bach, grave mais sans pesanteur. Sévère, austère, cette lecture n’en émeut pas moins, ce dont témoigne le recueillement perceptible dans la grange de la Maladrerie Saint-Lazare.
Le Concerto pour deux violoncelles en sol mineur RV 531 de Vivaldi qui s’ensuit ferait presque figure de divertissement. Assurément, la modération des tempi contraste avec ce à quoi nous ont accoutumé les baroqueux. Si le manque de mordant dans les attaques déjà repéré dans le Haydn peut déconcerter dans les mouvements rapides, le Largo fait dialoguer les deux violoncelles (Emmanuelle Bertrand et Marc Coppey) sur une basse continue assurée par un troisième (Louis Rodde – talentueux disciple de Roland Pidoux) et apparente l’ensemble, chose rare, à un trio de violoncelles. Un beau moment de musique de chambre.
La Simple Symphony de Britten referme la soirée sur des accents slaves que l’on croirait empruntés à Dvorak. Après une joyeuse Bourrée, le Playful Pizzicato dégage une irrésistible tendresse, avant une Sarabande que le compositeur n’a pas en vain notée « sentimentale ». Bissée, elle rappelle une époque où l’on orchestrait Bach à la manière romantique. La partition s’achève sur un finale indiqué « espiègle ». Il distille pourtant une secrète mélancolie, celle de la jeunesse sans doute.
Gilles Charlassier
Beauvais, Maladrerie Saint-Lazare, 24 mai 2013
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Photo : DR
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