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Nancy - Compte-rendu : « roses et chardons », le Rosenkavalier

Trois actes, trois époques différentes pour ce Rosenkavalier, tel est donc le voyage que nous propose le metteur en scène Philipp Himmelman. 18eme siècle pour le premier acte, milieu des années 50 pour le deuxième et de nos jours pour le dernier, une façon de souligner que cette histoire de parvenu qui vend sa fille est toujours d’actualité quelles que soient les époques. Le discours est cohérent tout au long des ces 3 heures 30, d’autant que la direction d’acteur est judicieusement conduite. Malheureusement le charme est détruit par la laideur d’une scénographie qui, se voulant fil conducteur, agace et irrite plutôt quelle ne séduit !

Photos de roses piquées sur des tiges parsemant le plateau (Vilmorin est passé par-là) que viendront régulièrement fouler Ochs et sa suite, façon de nous signaler, au cas ou nous ne l’aurions pas compris, que ce hobereau n’hésite pas à fouler toutes les convenances pour mettre une jeunesse dans son lit.

Heureusement pour nous, les splendeurs de ce Rosenkavalier nous viennent de l’orchestre et d’une distribution dont on ne peut trouver mieux à ce jour. Magistrale prise de rôle pour Andrew Greenan, l’on tient là le Baron Ochs du XXIeme siècle. Toutes les notes sont chantées et jouées de surcroît sans aucune surcharge. Le personnage est truculent tout en gardant une certaine nostalgie dans cette lutte inégale envers l’amour juvénile de nos deux jeunes gens. Sublime ! Magistral !

L’on continue sur cette même voie avec la Maréchale de Martina Serafin, beauté du timbre, longueur du souffle qui met bien en valeur les langueurs Straussiennes, articulation du bout des lèvres. C’est une Grande Marschallin digne descendante des Della Casa et consœurs. Son Quinquin a les traits et la voix d’Heidi Brunner, la chanteuse porte à merveille le travesti, sa voix claire se marie à merveille avec sa Maréchale. Un premier acte d’anthologie plein de charme et de tendresse.

La Sophie d’Henriette Bonde-Hansen, possède toute la jeunesse du personnage, voix souple avec des demi-teintes aériennes, (une présentation de la rose à vous conduire au paradis) que vient conclure un trio final que l’on voudrait éternel.

L’Orchestre Symphonique et Lyrique de Nancy nous livre ses plus beaux atours sous la direction fine et élégante de son chef Sébastian Lang-Lessing, spectaculaire travail sur les couleurs et la finesse des timbres, une crème chantilly légère et mousseuse à souhait.

Bernard Niedda

Nancy le 5 avril 2005 autres représentations les 7 et 9 avril à 19h

Photo: DR/Opéra de Nancy
 

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