Le 2 octobre dernier, à l’occasion du 30ème anniversaire des Concerts du Dimanche Matin, l’altiste Gérard Caussé (photo ci-contre) a réuni au Châtelet de jeunes musiciens dont le talent fait déjà l’unanimité : Gautier Capuçon, Béatrice Muthelet et les deux sœurs Nemtanu, que nous retrouvons côte à côte avec le plus grand plaisir (voir article du 13/09/05).

Sobriété et délicatesse étaient de mise pour le Quintette à cordes n°2 en ut majeur de Mozart (K 515) qui ouvrait le récital. La précision du phrasé, les élans naturels et la connivence entre les solistes apportaient un équilibre et une fraîcheur particulièrement appréciés dans l’Allegro initial et dans le Final. Le violon de Deborah Nemtanu élevait sa voix pure et cristalline avec élégance et inspiration. L’archet effleurait les cordes presque insensiblement, faisant naître un son tendre et suave qui ne manquait jamais de chanter et d’émouvoir.

Le concert se poursuivait avec le Quintette pour piano et cordes en la majeur op.81 de Dvoràk. Un pianiste inattendu rejoignait les musiciens : François-René Duchâble. Grand ami de Gérard Caussé, il a exceptionnellement accepté de remonter sur une grande scène parisienne. La barbe a disparu mais la fougue et l’enthousiasme restent intacts. Quant à la chemise rouge vif, sûrement un clin d’œil pour rappeler son rejet du concert classique traditionnel. Restant toujours à l’écoute de ses partenaires, déployant une technique et une musicalité exceptionnelles, il prouvait avec brio que nul n’a besoin de revêtir une queue de pie pour servir la musique. Les interventions viriles du violoncelle conféraient au premier mouvement une fièvre et une rage contagieuse alors que l’Andante con moto respirait une quiétude douce et nostalgique.

Pour combler l’ovation effusive du public, les musiciens revenaient en bis avec une Scène Andalouse de Turina.

Nicolas Nativel

Théâtre des Champs-Elysées

Photo : DR