L’intérêt du Théâtre impérial de Compiègne et de son directeur, Pierre Jourdan, pour la musique française n’est plus à démontrer. Ouverture de saison sous le signe du charme et de la rareté avec les Caprices de Marianne d’Henri Sauguet, les 1er et 8 octobre.

1954 : Le jeune Festival d’Aix-en-Provence ne songeait pas qu’à Mozart… Son directeur, Gabriel Dussurget avait en effet pris l’initiative cette année-là de programmer un opéra commandé à Henri Sauguet : Les Caprices de Marianne, sur un livret de Jean-Pierre Grédy d’après Alfred de Musset. La création eut lieu le 24 juillet au Théâtre de l’Archevêché. Le nom de Sauguet est devenu très rare dans les programme de concerts – même ses « célèbres » Forains – et l’on ne peut que se réjouir d’entendre sur scène un opéra que peu de mélomanes connaissent, hormis les discophiles curieux en possession du bel enregistrement réalisé en 1959 sous la baguette de Manuel Rosenthal (avec des chanteurs tels que Andrée Esposito, Irma Kolassi, Camille Maurane, Michel Sénéchal, etc.) et qu’un éditeur courageux, Solstice, a publié et maintient à son catalogue (2CD SOCD 98/99).

Nul ne s’étonne que le passionné de musique français qu’est Pierre Jourdan ait fait le choix d’un tel ouvrage pour l’ouverture de la saison 2006-2007 du Théâtre impérial de Compiègne, saison qui, dans sa globalité, se veut hommage à Gabriel Dussurget. Tout cela a sûrement aussi valeur de manifeste dans l’esprit de P. Jourdan quand on se souvient de ce qu’écrivait le fondateur du Festival d’Aix à Sauguet : « Cher, cher Henri ! A l’époque où la France devient un corps sans âme, la vie sans espérance, où la richesse est sans joie, tu restes l’homme qui représente l’esprit français : le sérieux frivole ou, si l’on veut, la France à la frivolité sérieuse ».

Petit bijou de fraîcheur, d’esprit, de tendresse, de douce mélancolie, Les Caprices de Marianne compiégnois réunissent une équipe de jeunes chanteurs : Isabelle Philippe, Magali Damonte (photo), Armando Noguera, Stéphane Malbec-Garcia, etc. Mis en scène par Pierre Jourdan, l’opéra de Sauguet sera dirigé par Miquel Ortega à la tête de l’Orchestre français Albéric Magnard.

Les deux autres productions du Théâtre de Compiègne cette saison séduiront également les amateurs raretés lyriques puisque l’on entendra Fra Diavolo d’Auber (les 12 et 19 novembre), puis Une Education manquée de Chabrier (avec L’Arlésienne de Bizet, les 18 et 25 mars 2007).

Alain Cochard

Les Caprices de Marianne de Sauguet. Théâtre impérial de Compiègne, les 1er et 8 octobre.

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