Un original programme de musique de chambre par les solistes de l’Orchestre National d’Île-de-France, l’opéra Paul et Virginie de Le Sueur (photo) en version de concert à Radio France : l’amateur de musique française méconnue se régale durant les jours qui viennent.

Chœur Parallèlement à sa saison symphonique, l’Orchestre National d’Île-de-France propose une série de concerts de musique de chambre aux programmes souvent originaux. Intitulé « A la française », celui que les musiciens de l’ODIF interprètent à l’Auditorium Saint-Germain-des-Prés le 13 novembre à 19h s’inscrit dans cette lignée. On y trouve certes le fameux Quatuor de Maurice Ravel, mais tout le reste de la soirée relève en revanche d’un répertoire bien plus rare. Il n’est pas en effet tous les jours donné d’entendre au concert Octandre d’Edgar Varèse, une composition pour huit vents datée de 1924, pas plus que le délicat Trio pour violon, violoncelle et harpe (1946) de Jacques Ibert ou Controversia d’André Jolivet. Ecrite en 1968, cette pièce pour hautbois et harpe résulte d’une commande passée par le hautboïste suisse Heinz Holliger. Elle témoigne du style tardif de l’auteur de Mana et révèle une exploitation approfondie du timbre des deux instruments.

George Delerue (1925-1992) en compagnie de Ravel, Varèse, Ibert et Jolivet ? Et oui !, l’auteur de tant de célèbres musiques de films (Le Corniaud, Jules et Jim, Le dernier métro – trois exemples parmi plus de 200 titres !) présente aussi un visage plus « classique ». On doit ainsi à l’ancien élève de Darius Milhaud des opéras (dont Le Chevalier de neige, écrit en 1956 en collaboration avec Boris Vian) et divers ouvrages de musique instrumentale. Plusieurs d’entre eux soulignent l’attrait de l’auteur pour le cor (Poème fantastique pour cor et piano, Concerto pour cor et orchestre), instrument auquel il fait également appel dans Vitrail (pour cor, trompettes et trombones), la pièce donnée par les instrumentistes de l’ODIF au cours d’un panorama aussi inattendu qu’attirant de la musique française du siècle dernier.

Celle-ci sera également bien servie lors du week-end Portes ouvertes que Radio France a bâti autour du thème « Orients » (17-19 novembre). Outre des réalisations de Roussel, Delage et Schmitt sous la baguette d’Uri Segal avec l’Orchestre du CNSMD de Paris, on y entendra l’intégralité du Livre de la Jungle de Koechlin. Ce magnifique ouvrage (abordé dans nos colonnes il y a peu à l’occasion de son exécution par l’Orchestre National de Lille - Lire l’article) sera donné sous la baguette du jeune et prometteur chef français Fabien Gabel, avec une distribution incluant la mezzo Marie-Nicole Lemieux.

Autre temps fort de la programmation, mais situé dans un passé plus lointain cette fois, l’opéra Paul et Virginie (1794) de Jean-François Le Sueur sera interprété en version de concert sous la direction d’Hervé Niquet à la tête de l’Orchestre Philharmonique. Il faut savoir gré à Radio France de porter à la connaissance des auditeurs un ouvrage aujourd’hui bien oublié mais dont Berlioz disait tout de même en 1846 : « Il y a de la musique là-dedans ; l’empreinte d’une main puissante est restée sur chaque page (…). » Bel hommage de la part de celui qui n’oubliait pas sa dette envers son ancien professeur.

Alain Cochard

« A la française ». Musiciens de l’Orchestre National d’Île-de-France. Lundi 13 novembre – 19h. Auditorium Saint-Germain-des-Prés. Rés. : 01 43 68 76 00.

Week-end Portes Ouvertes « Orients ». Du 17 au 19 novembre. Maison de Radio France (entrée libre). Rens. : 01 56 40 15 14.

Photo : BNF