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Paris - Compte-rendu : Thomas Larcher aux Bouffes du Nord
C’est avec le récital du pianiste autrichien Thomas Larcher que s’ouvrait le premier volet viennois de « La Poursuite », nouveau cycle musical de l’Ircam au Théâtre des Bouffes du Nord. Le concept ? Transformer le concert en un « scénario sans interruption, tout à la fois poursuite lumière au théâtre, poursuite d’une tradition instrumentale s’élargissant par l’électronique, poursuite d’une pensée musicale par-delà les séparations historiques ». Ce dernier précepte, Larcher l’avait déjà mis en œuvre dans son album Klavierstücke (ECM) qui confrontait Schoenberg et Schubert. Les voici de nouveau réunis sur la scène des Bouffes du Nord, sous les doigts d’un Larcher bien plus analytique qu’au disque, entremêlant les opus 11 et 19 de Schoenberg avec l’Allegretto D 915 et le Klavierstücke D 946 n°2. Se succédant sans interruption, les deux viennois s’avancent dans la même lumière crue, Larcher creusant les échelles dynamiques chez Schubert, attentif à la douceur des pianissimos mais se livrant à de bien surprenants coups de patte dans le grave.
Schubert et Schoenberg comme contaminés l'un par l’autre dans le jeu : un rapprochement parfois maladroitement dessiné qui eut été bien plus fécond entre les mains d’un François-Frédéric Guy, tellement brahmsien dans Schoenberg. Attaques parfois trop sèches, déficit de fluidité dans le chant, le Schubert de Larcher semble encore baigner dans la pièce introductive du récital, un Incidendo/fluido d’Olga Neuwirth qui se souvient des Kinderspiel de Lachenmann et de leur percussivité débridée. Pour l’une de ses seules partitions pianistiques (avec Marsyas pour piano seul), la compositrice autrichienne perturbe les résonances naturelles de l’instrument par des fréquences fixes diffusées au cœur de l’instrument. Procédé aux implications sonores bien plus intéressantes que les balayages confiés au clavier, et qui prélude naturellement à la savoureuse pièce acousmatique de Fabien Levy : Soliloque sur Olga, Arnold, Franz et Thomas, commentaire par un ordinateur d’un concert mal compris de lui.
Morale de ce récital ? Un rapprochement de compositeurs passionnant sur le papier mais Larcher, investissant avec bonheur le volet « contemporain », lâche malheureusement du terrain dans Schubert en regard de sa gravure ECM. Une déception que l’on espère ne pas ressentir lors du concert « La Poursuite » du 12 février prochain où Hae-Sun Kang et Garth Knox aborderont des pages pour violon ou alto de Bartók, Ligeti et Unsuk Chin. (Rappelons que le 8 janvier, « La Poursuite-Eclipses » conviera Thomas Adès, Marco Stroppa et Patrick Marcland défendus par les solistes de l’Ensemble Intercontemporain).
Nicolas Baron
Théâtre des Bouffes du Nord, le 13 novembre 2006.
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Photo : Alexander Basta
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