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Torre del Lago - Compte-rendu : Naufrage à Torre del Lago
Le Festival lyrique de Torre del Lago, célèbre depuis cinquante trois ans la mémoire de Giacomo Puccini, l'enfant du pays qui s’installa sur les rives du lac Massaciuccoli afin d'y trouver l'inspiration et d’y pratiquer la chasse et la pêche. Autrefois défendu par les plus grandes gloires du chant, de Gigli à Corelli, en passant par Olivero, Scotto, Domingo ou Carreras, ce rendez-vous estival est devenu avec le temps une scène provinciale de qualité artistique aléatoire, qui s’adresse davantage aux touristes qu'aux puristes.
Difficile en effet de ne pas s'indigner à l'écoute de cette Tosca "dirigée" par Keri Lynn Wilson, réglée par Mario Corradi, dans des décors du plasticien Igor Mitoraj. La présence dans la fosse de la prétendue chef est un premier signe alarmant de la politique du lieu. Comment peut-on faire appel à une musicienne aussi incompétente, autant dépassée par la partition, incapable de donner une attaque, de garder un tempo, de tenir ses troupes, ou d'insuffler une quelconque idée à ce drame ? Passant son temps à mouliner dans le vide, son travail tient davantage du mime que de la direction d'orchestre - d'autant que l'acoustique épouvantable n'arrange rien.
Le nom de Marcello Giordani dans le rôle de Mario Cavaradossi était plutôt rassurant, mais hélas le ténor, indisposé, n'a sauvé la soirée qu'au prix d'efforts considérables. Giorgio Surian, souvent programmé à Pesaro par le passé, interprète Scarpia sans grande conviction d'une voix courte et serrée, insuffisamment mordante qui ne lui permet pas de s'imposer dans ce personnage de monstre froid.
Seulement connue dans cette région de la péninsule, Antonia Cifrone, fait d'abord illusion, le premier acte étant plutôt dans les cordes de son soprano d'essence lyrique, l'actrice s'avérant de surcroît correcte. Au second, sa Tosca chahutée par une tessiture accidentée, s'effondre et la voix grelottante qui lui reste au moment du meurtre du baron, après un "Vissi d'arte" sans ligne et sans appui, devrait la persuader d'abandonner le rôle. Sur la scène, quelques icônes d'inspiration orthodoxe (au 1), un lit à baldaquin (au 2) et une terrasse inclinée (au 3) situent l'action, mais le spectacle sombre dans le ridicule et provoque l'hilarité générale lorsque la pauvre Floria se retrouve propulsée sur le lit où Scarpia s'apprête à la violer et rebondit malencontreusement. Retirant l'énorme épingle à cheveux qui retient son chignon, elle conçoit bien trop tôt son crime ce qui atténue l'impulsivité de son geste. Elle s'installe avec une attention particulière au creux du lit, décolleté et jambes ouvertes, faussement offerte à son bourreau et, telle Sharon Stone dans « Basic instinct », transperce ce dernier de toutes ses forces ! Consternant.
François Lesueur
Puccini : Tosca – Torre del Lago, le 21 juillet 2007
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