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DVD : Des Noces d’or

Voici les meilleures Nozze que nous ayons vues depuis le spectacle emblématique de Giorgio Strehler, venues de plus à point pour l’année Mozart. On serait d’ailleurs en peine de trouver parmi la pléthore de faux événements annoncés un seul qui puisse s’aligner sur le génie patient doublé d’un ouvrage artisanal de si haut vol qui caractérise le travail de David McVicar. Il se pourrait bien que ces Nozze soient, à égalité avec son légendaire – et non documenté au demeurant – Midsummer Night Dream de Britten monté à La Monnaie, le sommet de ce qu’il a produit jusqu’à ce jour.

Le sens dramatique, dans les ombres portées comme dans le giocoso frondeur qui est comme la trame vive de cette régie, est simplement inouï, par la virtuosité du geste comme par la profondeur des perspectives. McVicar fait du théâtre et sonde les âmes tout ensemble. Il se garde d’aménager les Nozze pour y faire entrer une marotte personnelle : il les transporte juste habilement d’Espagne en France, durant la monarchie de Juillet, translation parfaitement accordée à la pensée visionnaire de Beaumarchais. On aime les décors élégants (et pratiques, avec ces changements à vue idéaux pour enchaîner les actes, et qui respectent la suractivité d’une partition qui souffre des arrêts) de Tanya Mc Callin, et plus encore les lumières si subtiles de Paule Constable.

On aime sans réserve toute la distribution, la Suzanne sage et ardente de Miah Persson, jamais soubrette, la Comtesse déçue mais pas amère de Dorothea Röschmann, le Comte juste fat comme il faut de Gerald Finley (avec un baryton plus clair qu’à l’habitude dans cet emploi), le Figaro vrai basse d’Erwin Schrott qui mord dans les mots (avec toute la chair de sa première voix, qu’un régime trop drastique a depuis un rien asséchée), le Chérubin lyrique de Rinat Shaham qui renoue avec celui de Federica von Stade. Le metteur en scène parsème son ouvrage de silhouettes inoubliables : il faut voir de Basilio de Philip Langridge, qui s’est fait la tête d’Hoffmann, pour le croire. L’acteur est décidément fabuleux, et pour le public anglais, il a du rappeler les fantasques incarnations à Glyndebourne et à Londres de l’incroyable Hugues Cuénod (dont on a fêté le 26 juin dernier les 106 ans !).

Même la direction d’Antonio Pappano est au diapason des incroyables atmosphèresqui portent ce spectacle magique, filmé avec art par les forces de la BBC : McVicar a dû plus d’une fois mettre son œil derrière la caméra.

Jean-Charles Hoffelé

Miah Persson, Dorothea Röschmann, Rinat Shaham, Erwin Schrott, Gerald Finley, Jonhatan Viera, Graciela Araya, Philip Langridge, Solistes, Chœur et Orchestre du Royal Opera House, Covent Garden, Antonio Pappano. Mise en scène : David McVicar (2006). Opus Arte OA0990D (2 DVD) (distr. Codaex)

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