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Paris - Compte-rendu - La science orchestrale de Boulez
Pierre Boulez a très tôt manifesté son intérêt pour Gustav Mahler. Le concert donné avec la Staatskapelle de Berlin a apporté une nouvelle fois la preuve de sa connivence avec le compositeur autrichien. Par la souplesse, la fluidité du geste musical, une sérénité qui est la marque de l’expérience, Boulez entretient la flamme de la modernité de l’esprit viennois. En première partie, le florilège de six lieder extraits du Knaben Wunderhorn est chanté avec expressivité par la soprano allemande Dorothea Röschmann mais bénéficie surtout d’un accompagnement somptueux accordé aux différentes péripéties de la narration. La finesse, l’élégance prévalent encore après l’entracte dans une Quatrième Symphonie d’anthologie qui a valeur d’évidence.
Outre l’intelligence de la conception ou le lyrisme sans pathos, l’impression de liberté prévaut dès l’Allegro initial et les musiciens de la Staatskapelle de Berlin, dans le climat retenu de l’Adagio, atteignent l’ineffable. Les éclats de timbres du Scherzo laissent même entendre l’espace d’un instant, par le mystère de la direction de Boulez, des réminiscences de l’alchimie sonore du Marteau sans maître. La voix de Dorothea Röschmann se révèle certes plus terrestre que céleste dans le mouvement paradisiaque final, mais l’écrin orchestral quintessencié procure une nouvelle fois un supplément d’âme et rend l’interprétation de cette symphonie inoubliable.
Michel Le Naour
Salle Pleyel, 3 novembre 2008
Programmation détaillée de la Salle Pleyel
Voir l’interview vidéo de Pierre Boulez
Photo : DR
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