Musicien inventif, Laurent Petitgirard n’est jamais à cours d’imagination. Le dernier concert Salle Pleyel donné avec l’Orchestre Colonne sortait en effet des sentiers battus. L’invité, le pianiste Jean-Philippe Collard, ne quittera pas le podium, tantôt en acteur (il interprète Gaspard de la Nuit de Ravel et Les Tableaux d’une exposition de Moussorgski), tantôt en spectateur attentif des transcriptions de Marius Constant pour Gaspard et de Ravel pour Les Tableaux. En alternance, chaque œuvre est jouée mouvement par mouvement dans les deux versions. Une telle initiative fonctionne à merveille même si, parfois, la fragmentation nuit à la cohérence.

Jean-Philippe Collard combine avec bonheur élégance, clarté, fluidité dans Ravel et sens de la description, puissance dans Moussorgski, triomphant comme jadis Horowitz (qui donna d’ailleurs des conseils à Jean-Philippe Collard) dans La Grande Porte de Kiev. Avec les transcriptions pour orchestre, Laurent Petitgirard fait flèche de tout bois. Si Marius Constant ne peut se comparer à l’auteur du Boléro qui, avec une prudence de Sioux, ne s’était pas aventuré sur un terrain qu’il savait couvert d’épines, sa vision de Gaspard (1990) ne manque pas d’intérêt et se rapproche parfois plus de Debussy que de Ravel.

Enflammée, l’interprétation de Petitgirard bénéficie de l’engagement d’une phalange qui sait toujours faire preuve d’efficacité. Le final du Concerto pour piano en sol de Ravel, donné en bis pour rendre hommage à Pierre Sancan (le professeur au CNSM de Paris de Collard) et au compositeur Serge Nigg (que côtoyait L.Petitgirard à l’Académie des Beaux-Arts) tous deux récemment disparus, témoignait de l’osmose entre des interprètes portés par l’énergie et la pulsation de cette musique.

Michel Le Naour

Paris, Salle Pleyel, 18 novembre 2008

Les prochains concerts de l’Orchestre Colonne

Les prochains concerts à la Salle Pleyel

Photo : DR