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Luxembourg - Compte-rendu - Festival Rainy Days - Les ouvreurs d’oreilles
Pour sa journée de clôture, le festival Rainy Days 2008 additionne les expériences, à mi-chemin du théâtre musical et de l’exploration de nouveaux modes de restitution du son. L’improvisation, la culture de l’hétérogénéité danse/musique dominent dans Daruma 2, « voyage sensoriel et pluriel » conçu par le scénographe Thierry Devaux et le Louis Binot Quintet. À l’inverse, la forme est très contrainte, par un temps très minuté et par l’élément visuel, dans les œuvres de l’Allemande Carola Bauckholt (née en 1959) défendues par l’Ensemble Recherche dans le superbe écrin de la salle de musique de chambre. Dans la lignée d’Helmut Lachenmann, sa musique va au-delà de la continuité instrumentale, mais se rapproche finalement plus de l’esprit Dada (Avertissements, pour public).
Clairement expérimentale également est la « Sonosphère » (photo) proposée par Noise Watchers Unlimited, une association fondée par le compositeur Claude Lenners (né en 1956) dont le travail s’oriente vers la pédagogie, la recherche et la diffusion. Aujourd’hui résidente de la Philharmonie, cette structure originale emprunte aux autres centres de recherche musicale tels l’Ircam ou le GRM mais développe aussi ses propres expériences, dont cette « Sonosphère », dispositif individuel d’écoute qui joue sur l’interaction des sons et des couleurs : comment associe-t-on une couleur à un son ? Comment la perception du son diffère-t-elle selon l’environnement chromatique ? Ce thème cher à Messiaen était d’ailleurs, quoique d’une manière différente, au cœur d’un précédent « dîner coloré » organisé par le compositeur Marc Monnet, toujours dans le cadre du festival Rainy Days.
Noise Watchers Unlimited était aussi à l’œuvre dans le court spectacle proposé par Claude Lenners, « Almost sleeping », construit sur l’anecdote des Variations Goldberg (composées par Bach pour un prince insomniaque) ainsi que sur le lied de jeunesse d’Alban Berg, Schlafen, schlafen. Le compositeur luxembourgeois parvient à dégager d’œuvres apparemment hétéroclites une continuité narrative sans pour autant renoncer à la forme mais en introduisant une part d’aléatoire. Sandbuch pour piano est ainsi une « œuvre ouverte », quasi statique, mais qui nécessite et construit sa propre résolution par l’élargissement, la densification de son propos ; Laokoon pour trombone, autre création, renvoie à l’univers des pièces solistes de Berio avec une dimension acoustique très affirmée. Quant à 7th Dream, œuvre plus ancienne (1997) pour violon, clarinette, piano et percussion, d’une écriture très raffinée, Claude Lenners lui ménage une transition avec le lied de Berg, et la conclut par une reprise ad libitum des dernières mesures, le temps que se vide la salle.
Jean-Guillaume Lebrun
Luxembourg, Philharmonie, dimanche 30 novembre 2008
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Photo : DR
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