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Compte-rendu - Les fantômes - Franz Brüggen dirige Mozart au TCE
On ne s’attendait de la part de Franz Brüggen à une si tendre 40e Symphonie. Ce Mozart en hermine, somptueux de timbres, si chaleureux dans ses accents, était-il vraiment dirigé où les musiciens néerlandais l’exhalaient-il naturellement ? Tant d’inquiétude sensuelle, tant de poésie immanente, un chef peut-il les obtenir ? Oui, car Brüggen, assassiné par la vie, ne dirige plus. Les bras ne s’élèvent plus au dessus du pupitre, l’échine toujours courbée laisse seul l’œil commander. Et cet œil est tendre.
Le Requiem en pâtit, trop constamment résigné, trop beau – sinon les Chœurs de Radio France, comme intimidés – en un mot pas assez germanique : il y a du Grünewald dans le Dies Irae ; on avait l’impression au contraire d’être chez Pontormo. Et pourtant l’émotion l’emportait souvent : un magnifique quatuor assurait le transport des âmes, Ilse Eerens lumineuse, Wilke te Brummelstroete, humble, Marcel Beckman, sonore comme un Tamino, André Morsch impeccable jusque dans un Tuba Mirum phrasé sans componction. Tout cela avançait, à la fois léger et plein, délié et sonore, mais la terreur, la question, la rédemption en étaient réduits à l’état de fantômes, bercés par les certitudes lénifiantes de la foi. Et jusqu’à Brüggen lui même : le fantôme de Klemperer, seulement son fantôme.
Jean-Charles Hoffelé
Théâtre des Champs-Elysées, Paris, le 25 septembre 2009
Programme détaillé du Théâtre des Champs-Elysées
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Photo : DR
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