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Compte-rendu - Humain, très humain… - Le Quatuor Auryn interprète Beethoven
En vingt-huit ans d’existence, le Quatuor Auryn, qui joue aujourd’hui encore dans sa formation d’origine, s’est enraciné dans le paysage musical avec, à son actif, des intégrale des Quatuors de Beethoven, de Brahms et, en cours, de ceux de Haydn, toutes enregistrées pour le label Tacet. En France, leurs apparitions se font rares et il faut saluer les « Musicades » de Lyon qui, pour leurs 20 ans, ont invité la formation à donner les seize Quatuors de Beethoven en six concerts, Salle Molière, mêlant les œuvres selon des critères dramaturgiques et non dans l’ordre chronologique.
Le 29 septembre, l’accent est porté sur la tonalité de si bémol majeur avec le 6e Quatuor op.18 n°6 et le 13e Quatuor op 130 comprenant la version originale de la Grande Fugue op 133. L’interprétation du Quatuor Auryn ne prétend pas bouleverser l’approche de ces œuvres à la manière radicale du Quatuor Alban Berg et, plus encore pour les derniers opus, du Quatuor LaSalle. Il ne faut pas chercher non plus la somptuosité sonore des Italiano, mais subrepticement l’humanité des Vegh se laisse percevoir au détour d’une exécution communicative où la conversation en musique dont parlait Goethe prend tout son sens.
Avec les Auryn, la fusion naît paradoxalement de l’individualisation de chaque voix mettant constamment en valeur les échanges magnifiés par la qualité des instruments italiens du XVIIIe siècle (en particulier le Stradivarius ayant appartenu à Joachim sur lequel joue le premier violon, Matthias Lingenfelder). Le 6e Quatuor « Lobkowitz », léger (Allegro con brio), sensible (Adagio ma non troppo), enjoué (Scherzo), prépare dans le final (« Malinconia ») à toute cette dimension de l’inouï dont sont gorgés le 13e Quatuor et la Grande Fugue, arrachés avec une énergie démesurée par des archets qui ne cherchent pas la perfection mais la sensation expressive jusqu’aux limites de la rupture.
Le « Finale de substitution » joué en bis laisse planer une effusion lyrique presque décalée par rapport au farouche jaillissement de la Fugue démesurée qui précédait. Dans le même esprit, l’Adagio du Quatuor op 76 n°4 « Lever de soleil » de Haydn, également en si bémol majeur, annonce le dernier Beethoven. Le public, debout, salue la performance d’un ensemble qui sait si bien transmettre son enthousiasme et sa générosité, à la manière du Quatuor Amadeus dont il reçut jadis l’enseignement à Cologne.
Michel Le Naour
Lyon, Salle Molière, 29 septembre 2009
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Photo : DR
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