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Compte-rendu : Un Orient de rêve - Tugan Sokhiev dirige l’Orchestre National de France
Le programme russe que Tugan Sokhiev donnait au Théâtre des Champs-Elysées à la tête de l’Orchestre National de France apporte à nouveau la preuve du talent de ce chef habité qui fait, à Toulouse, les beaux jours de l’Orchestre du Capitole. D’emblée, avec Dans les steppes de l’Asie Centrale de Borodine, la densité de l’interprétation fait prendre conscience de l’atmosphère si caractéristique de cette célèbre pièce orientaliste. Autre climat avec le 2ème Concerto pour violoncelle et orchestre de Chostakovitch, composé en 1966 à l’intention de Rostropovitch, d’une intériorité et d’une plénitude bien rendues par Xavier Phillips qui privilégie le caractère sombre et l’expression lyrique plutôt que la virtuosité et la démesure propres à son mentor. Le bis (Serenato de la Suite n°1 pour violoncelle seul de Britten, en pizzicatos), participe de ce même état d’esprit où la ballade le dispute au caractère fantastique.
En seconde partie, Shéhérazade de Rimski-Korsakov, véritable traité d’instrumentation appliqué à une œuvre symphonique, s’élève sur des hauteurs insoupçonnées – par la clarté de la direction, la précision de la battue, l’énergie de la pulsation. L’Orchestre National (et en premier lieu le violon solo Luc Héry, parfait de justesse, fin et diaphane de son, faute d’être sensuel) fait feu de tout bois, électrisé par l’énergie qui émane de Sokhiev dont la baguette, prolongement de son corps, suscite enthousiasme et admiration. Tout ce que Stravinski et Ravel doivent à Rimski-Korsakov éclate en pleine lumière.
Michel Le Naour
Paris, Théâtre des Champs-Elysées, 8 octobre 2009
Programme du Théâtre des Champs-Elysées
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Photo : DR
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