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Philippe Jordan et Isabelle Faust inaugurent la saison symphonique de l’Orchestre de l’Opéra
Un peu de patience ; ce n’est qu’à l’approche du printemps que l’on verra Philippe Jordan dans la fosse l’Opéra de Paris. Le nouveau directeur musical de la Grande Boutique amorce en effet début mars avec L’Or du Rhin un Ring très attendu mis en scène par Günter Krämer, qui se poursuivra dès mai-juin avec La Walkyrie, puis en 2010-2011 pour les deux derniers maillons d’un cycle que le jeune chef a eu l’occasion de diriger intégralement à l’Opéra de Zurich la saison dernière. Outre sa familiarité avec l’univers lyrique, il peut également se prévaloir à trente-cinq ans seulement d’une solide expérience du répertoire symphonique (son cycle des concertos de Beethoven avec François-Frédéric Guy et l’Orchestre Philharmonique en est l’une des très nombreuses illustrations). C’est dans ce contexte que Philippe Jordan dirige les musiciens de l’Orchestre de l’Opéra, le 14 novembre, dans un original programme associant Richard Strauss et György Ligeti ; le premier des quatre concerts que la formation propose cette saison.
Hasard des programmations, la Symphonie Alpestre a les faveurs des chefs à Paris depuis la rentrée. Après Dudamel et Bychkov, c’est au tour de Jordan de se lancer à l’assaut de cet impressionnant massif symphonique et d’en exacerber les contrastes. Sa talentueuse jeunesse promet d’y faire mouche !
Dans le Concerto pour violon de Ligeti, le chef aura affaire à une soliste attachée à un ouvrage qu’il n’est pas souvent donné d’entendre. Mais la curiosité d’Isabelle Faust n’a plus à être saluée. La violoniste a inscrit cette partition (datée de 1990-1992) à son répertoire il y a cinq ans environ et l’a jouée plusieurs fois, sous la direction de George Benjamin à Londres et celle de Marek Janowski à Berlin entre autres.
Elle ne cache pas son bonheur de se replonger dans une œuvre qu’elle décrit comme « très virtuose et très accessible pour l’auditeur – même le moins habitué à la musique dite « contemporaine » -, probablement grâce à des trouvailles harmoniques qui vont dans des sphères un peu exotiques. Dans les années 1980, poursuit I. Faust, Ligeti a cherché des structures harmoniques nouvelles venues d’en dehors de l’Europe (Afrique, Asie). Ce Concerto pour violon fait appels à des instruments non-européens (ex : l’ocarina) et cela donne un aspect presque folklorique à une œuvre très élaborée mais qui cherche des sons venus d’un autre monde et met de ce fait l’auditeur en confiance. Pas une seconde d’ennui dans cette composition pourtant assez longue avec ses cinq mouvements.
Le premier s’apparente à un prélude très virtuose, avec son aura lumineuse le deuxième change totalement d’atmosphère – il fait penser au vol d’un oiseau -, le troisième est un bref intermezzo qui conduit au mouvement suivant, une jolie passacaille que Ligeti décrivait comme « un paysage de rêve en vers ». Le finale est impressionnant par son fourmillement de détails et se termine sur une grande cadence. C’est vraiment une œuvre qui ouvre les portes et les fenêtres et va directement au cœur de l’auditeur : impossible d’y résister ! D’ailleurs Ligeti, ce n’est plus de la musique contemporaine, c’est un classique désormais », s’enthousiasme une artiste que Paris retrouvera le 10 janvier au Châtelet pour la deuxième partie de son intégrale des sonates pour violon et piano de Beethoven, en l’excellente compagnie d’Alexander Melnikov. Un partenaire avec lequel elle vient de réaliser un superbe enregistrement de ce corpus (Harmonia Mundi).
Alain Cochard
Propos d’Isabelle Faust recueillis le 25 septembre 2009
Orchestre de l’Opéra National de Paris
Œuvre de Richard Strauss et György Ligeti
Opéra Bastille
Samedi 14 novembre – 20h
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Photo : DR
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