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Colloque France Festivals de Montpellier - Naissance d’une Coordination nationale

Marqué par la présentation d’une passionnante enquête dirigée par Emmanuel Négrier (1), sur les publics des festivals (elle fera l’objet d’une publication au printemps prochain), le colloque organisé à Montpellier (les 12 et 13 novembre) par France Festivals à l’occasion du 50ème anniversaire de la Fédération française des festivals internationaux de musique a amené de nombreux organisateurs à se retrouver dans la cité languedocienne. S’y sont exprimées des préoccupations souvent communes à des manifestations relevant de genres pourtant divers, des musiques savantes aux musiques actuelles. Face aux inquiétudes suscitées par la suppression de la taxe professionnelle et la réforme territoriale (sujet abordé par Jacques Doucelin dans sa chronique de cette semaine), le fait saillant du colloque aura été l’annonce, le 12 novembre, de la création d’une « Coordination Nationale des Festivals< » regroupant France Festivals (Fédération française des festivals internationaux de musique), l’AFIJMA (Association des Festivals Innovants de Jazz et Musique Actuelles), Futurs Composés (Réseau national de la création musicale) et Zone Franche (Réseau des musiques du monde), soit un total de 202 festivals .

Le but de la Coordination est de rappeler « le rôle vital des festivals dans l’économie du spectacle vivant – notamment pour l’emploi, la création, la production, la diffusion artistiques – et dans l’aménagement du territoire. Il lui paraît donc essentiel d’être totalement associée, au nom des festivals qu’elle représente, à la définition d’un politique du spectacle vivant en France. Elle souhaite notamment participer à l’élaboration des critères d’appréciation et de qualification des festivals en vue de clarifier les dispositifs d’aide de l’Etat sur une base équivalente à celle appliquée aux structures permanentes labellisées. »

La Coordination souligne par ailleurs « sa vive inquiétude face à la baisse des financements des collectivités locales qui risque d’être aggravée par la suppression annoncée de la taxe professionnelle et la réforme de l’organisation territoriale » et « demande à être reçue sans tarder par le Ministre de la Culture et de la Communication ».

Outre cette annonce, le colloque montpelliérain a été ponctué par plusieurs tables rondes où les débats s’appuyaient souvent sur les instructives conclusions de l’étude sur les publics des festivals. Les statistiques peuvent être lues de diverses manières… Ainsi, le taux de renouvellement de 39 % est une invitation à l’optimisme, mais aussi une expression de la volatilité du public – et incite les programmateurs à y répondre par l’originalité et la qualité !

La France fait exception par l’abondance de ses festivals et ceux-ci jouent un rôle clef et singulier dans le paysage culturel. Comme l’a souligné Jean-Louis Fabiani (Directeur d’études à l’EHESS et ancien Drac), les festivals « « déroutinisent » le rapport à la culture et manifestent « un lien très fort avec le patrimoine ». Ils « produisent de la perturbation, une effraction dans l’ordre habituel de l’offre culturelle. »

Des idées reçues sont en outre sérieusement bousculées par l’étude d’Emmanuel Négrier. Le festival n’est pas cette manifestation dominée par des spectateurs venus de loin, parisiens souvent, que l’on imagine parfois, et l’on découvre, avec des variantes selon les cas évidemment, une dominante régionale dans la provenance du public.

Mais les festivals entretiennent bien des points communs avec les saisons culturelles. Dans tous les cas la formation, l’initiation du public apparaissent essentielles. On constate en effet que les personnes pratiquant ou ayant pratiqué autrefois un instrument de musique sont bien plus enclines à se rendre dans un festival que les autres. Bien des manifestations ont pris conscience de la nécessité de mener des politiques de sensibilisation et d’ouverture en direction des jeunes publics (les initiatives de Bernard Foccroulle au Festival d’Aix-en-Provence en sont un exemple parmi d’autres).

Une unanimité s’exprime enfin sur la nécessité de mettre en accord la politique éducative avec les formidables outils culturels dont la France dispose. Ceci dans l’intérêt des festivals évidemment, mais aussi, ajoutera-t-on, de salles qu’il faut se préoccuper de remplir, et des générations futures.

La notion de BIB - comprenez Bonheur Intérieur Brut - est dans l’air du temps… Si seulement nos technocrates contemplaient un peu plus fréquemment le regard émerveillé d’un môme découvrant Berlioz ou Stravinski… Si seulement notre vie culturelle était moins fâchée, souvent, avec la notion de plaisir

Alain Cochard

(1) Lire la présentation de l'enquête

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Photo : DR
 

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