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Compte-rendu : Le Duo Bizjak en récital à Cortot - Le ton juste
On ne le répètera jamais assez, la salle Cortot – un lieu conçu par Auguste Perret, l’architecte du Théâtre des Champs-Elysées – offre une acoustique de rêve au piano et à la musique de chambre et favorise la complicité entre les artistes. S’agissant Duo Bizjak, force est de reconnaître que le terrain était pour le moins propice.
D’origine serbe, formées à quelques années d’intervalle au Conservatoire de Paris par Jacques Rouvier, les deux sœurs ont en effet souvent déjà eu l’occasion de faire montre de leur belle entente et d’une musicalité consommée. Inscrite dans la saison de Piano’n troppo production à Cortot (une initiative totalement privée qu’il convient de saluer en ces temps économiquement rudes), cette belle soirée n’aura fait que les confirmer.
A quatre mains d’abord, Sanja et Lidija se lancent dans les Images d’Orient de Robert Schumann, un texte auquel elles donnent vie avec naturel, fraîcheur du propos et sens des caractères : la soirée débute sous les meilleurs auspices ! Si l’Opus 66 n’est pas très courant au concert, que dire alors de l’Andante et variations du même auteur, pour lequel les interprètes ont choisi l’étonnante version originale pour deux pianos, deux violoncelles et cor. Sans constituer la réalisation la plus impérissable de la musique de chambre de l’Allemand, l’ouvrage comportent des trouvailles sonores, des atmosphères séduisantes, inattendues – le cor et le romantisme font bon ménage, c’est bien connu ! - que le Duo Bizjak, les archets de Maja Bogdanovic et Clara Strauss et le cor de Vladimir Dubois explorent avec simplicité et spontanéité. On a comme le sentiment d’avoir pénétré dans le salon des musiciens et d’assister à leur amical dialogue.
Cette manière de trouver le ton juste, de ne pas demander aux partitions plus qu’elles ne sauraient offrir est l’une des grandes qualités du Duo Bizjak. Outre une virtuosité pétrie de style brillant, les Variations sur un thème de Moore et le Rondo op 73 de Chopin ne réclament rien d’autre que chic et souriante complicité et les deux pianistes leur rendent justice avec un tact infini. Mais lorsqu’il s’agit de sonder une oeuvre plus abyssale telle que les Réminiscences de Don Juan, les deux sœurs sont tout autant au rendez-vous. Sans esbroufe, mais avec feu irrésistible elles soulignent la fascination que le sort du dissoluto exerça sur Liszt.
Alain Cochard
Paris, Salle Cortot, le 18 novembre 2009
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Photo : DR
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