La Salle Gaveau est presque comble pour le cinquième concert de l’intégrale des 32 Sonates de Beethoven que le pianiste autrichien Till Fellner a entreprise sur trois saisons. Si le public est venu nombreux, il est dommage en revanche que la critique musicale se soit montrée si peu présente pour écouter l’un des jeunes interprètes les plus talentueux du moment.

Programme dense (Sonates n°12 « Marche funèbre », n°13 « Quasi una fantasia », n°14 « Clair de lune », n°21 « Waldstein », et n°22) conduit avec une intelligence et un sens équilibré du clavier qui donne toute sa splendeur à la pâte beethovénienne (main gauche pleine et dosée, main droite d’une digitalité parfaite…).

Après un départ un peu retenu (la « Marche funèbre » paraît légèrement en retrait), Fellner s’épanouit pleinement dans une « Quasi una fantasia » libre et ludique et une « Clair de lune » contrôlée mais d’une grande justesse de ton. En deuxième partie, la Sonate n°22 prend, sous des doigts puissants, une dimension qu’on ne lui connaissait guère et la « Waldstein », tellurique mais subtilement agencée, prouve combien Till Fellner a su non seulement assimiler tout l’enseignement de Brendel, mais affirme désormais une personnalité incontournable au royaume du piano.

Michel Le Naour

Paris, Salle Gaveau, 16 janvier 2010

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Photo : DR